Plus de 200 publications depuis le lancement : Astheure on fait quoi? – Collectif

En mai 2013 naissait Astheure. Le webzine acadien se voulait une plateforme simple, dénuée de prétention en ayant, néanmoins, des visées colossales. En effet, ses membres fondateurs (Julien Abord-Babin, Justin Dupuis, Marie Hélène Eddie, Luc Léger et Gilbert McLaughlin) avaient comme objectif de créer un espace virtuel qui permettrait non seulement aux Acadiens de s’informer sur des sujets peu (ou pas) exploités dans les médias traditionnels, mais également d’échanger, de discuter et de débattre dans le but d’alimenter la réflexion collective, de réinventer le discours national et même de refaire le monde. Rien de moins…

Au fil des mois et des années, Astheure a travaillé à bâtir sa légitimité au sein de l’espace médiatique acadien. Il s’est taillé une place non pas comme source d’actualités faisant concurrence à Radio-Canada Acadie et à L’Acadie Nouvelle, mais comme espace de discussion et de réflexion complémentaire. La mission, la plateforme et le fonctionnement spécifiques à Astheure lui ont permis de s’affranchir des contraintes propres aux médias traditionnels. Son équipe de rédaction a favorisé la qualité des textes et non la rapidité de la publication; a privilégié les enjeux d’importance aux sujets vendeurs; et a investi du temps dans la formation de chroniqueurs plutôt que de ne sélectionner que des textes qui ne nécessitaient aucune révision.

Le début d’une nouvelle année est toujours un moment propice pour faire des rétrospectives. Aujourd’hui, nous tentons l’exercice par rapport à Astheure qui célèbrera bientôt trois années d’existence. Rappelons que, depuis sa création, le webzine a publié plus de 200 textes et vidéos provenant de plus de 100 auteurs et collaborateurs. De plus, ces publications ont reçu près de 800 commentaires (dans le site Internet et dans les médias sociaux) de la part de lecteurs se sentant concernés par les sujets abordés.

Au cours des dernières années, des textes portant sur une panoplie de thèmes ont été publiés. Il a été question, entre autres, de l’identité acadienne, des symboles nationaux, de l’histoire acadienne, de la solidarité entre les Acadiens de partout au Canada, de la question de l’Acadie diasporique (notamment des Acadiens en exil et des enjeux spécifiques aux Acadiens d’ailleurs au monde), de la remise en question de la formule du Congrès mondial acadien, de la participation citoyenne, des enjeux linguistiques (liés à l’aménagement linguistique, au bilinguisme institutionnel, à l’assimilation, au poids démographique et à la langue parlée par les Acadiens), des enjeux liés à l’éducation (surtout pour ce qui a trait au dossier des autobus scolaires au Nouveau-Brunswick), des enjeux environnementaux (liés, entre autres, à l’industrie forestière, à l’exploitation du gaz de schiste, au transport en commun, aux changements climatiques et au virage vert), des enjeux spécifiques aux femmes acadiennes (notamment de l’inégalité entre les sexes, de l’égalité salariale, de la sous-représentation des femmes dans les médias, de l’accès à l’avortement, de la violence à caractère sexuel, de la disparition de femmes autochtones partout au Canada et de l’engagement des hommes dans la cause féministe), des enjeux sociaux (dont la pauvreté et les droits des LGBT), de la présence des Acadiens dans les médias nationaux et d’hommages à des Acadiens qui nous ont quitté.

Certains textes ont particulièrement ému nos lecteurs. Pensons, par exemple, à la réflexion sincère de Rémi Daigle sur la variété de français des Acadiens ou encore aux textes écrits au moment de la fusillade de Moncton, dont celui qui portait sur la quasi absence de couverture de la part de la chaîne RDI. D’autres textes ont brassé la cage, comme celui de Mathieu Wade sur la représentation de l’Acadie faite par Natasha St-Pier. Certains ont même permis d’entamer des dialogues avec d’autres communautés, comme lorsque le webzine a dérogé exceptionnellement à sa règle sur la langue de publication afin de présenter des textes traduits en anglais sur le sujet de la dualité linguistique, du bilinguisme et des relations entre francophones et anglophones au Nouveau-Brunswick.

Au fil des ans, la famille d’Astheure a grandi et son programme s’est élargi. De nouveaux projets se sont greffés à son noyau, dont celui de la critique artistique. Grâce à la collaboration de Pénélope Cormier et d’Ariane Brun del Re, le webzine a créé un nouvel espace pour la critique artistique en septembre 2014. L’équipe de la critique artistique déniche elle-même ses collaborateurs, planifie les sujets qui feront l’objet d’une couverture et révise les textes reçus. Une grande partie de son travail consiste à former une relève acadienne en critique. À une époque où de tels espaces de critique se font rares en Acadie, il s’agit d’un projet important auquel l’équipe d’Astheure est fière de pouvoir offrir un appui et une plateforme.

Au cours de ces quinze derniers mois, le projet de critique a permis de publier des textes qui ont traité de littérature (notamment d’Objectif Katahdin de Daniel Léger, de l’Anthologie de la poésie des femmes en Acadie de Monika Boehringer, de Vertiges de Fredric Gary Comeau, de La francophonie en Acadie dirigé par Laurence Arrighi et Matthieu LeBlanc, de la série Autoportrait d’Herménégilde Chiasson et du recueil D’ici d’Éric Cormier), de littérature jeunesse (pensons, entre autres, à la série de textes de David Lonergan sur les œuvres de Bouton d’or Acadie, au texte d’Hélène Eugénie Roy sur la littérature jeunesse acadienne et au texte de Benoit Doyon-Gosselin sur la poésie jeunesse), de spectacles (de la soirée de poésie hommage à Gérald LeBlanc qui a eu lieu à Montréal en septembre 2015, de la fête nationale à la Baie Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse et de la 19e édition du Festival acadien de poésie à Caraquet par exemple), de films (du documentaire Ron Turcotte, jockey légendaire et de de Les sceaux d’Utrecht), de musique (notamment du premier album de Wanabi Farmeur et de Highways, Heartaches and Time Well Wasted de Lisa LeBlanc) de théâtre (notamment de Les Trois Mousquetaires Plomberie, de Tréteau(x) et de Le long voyage de Pierre Guy B) et de quelques expositions d’art.

Par ailleurs, la série Astheure on jase! a permis de réaliser des entrevues vidéo avec des personnalités acadiennes sur des sujets d’actualité et sur des sujets qui appartiennent à notre histoire collective. Les entretiens ont été préparés par quelques personnes dont Marc-André LeBlanc (responsable de la réalisation des entrevues depuis plusieurs mois). Dans cette série de capsules, il a été question de l’avenir de l’éducation postsecondaire au Nouveau-Brunswick avec Kevin Arsenault (ancien président de la Fédération des étudiants et étudiantes du centre universitaire de Moncton), de la création et du lègue du Parti acadien avec Euclide Chiasson (fondateur du Parti acadien), de l’avenir de l’Acadie et de la publication du livre Évangéline : contes d’Amérique avec Joseph Yvon Thériault (professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal), de la révolution tranquille acadienne avec Michel Vital Blanchard (militant acadien), du livre L’Acadie perdue avec Michel Roy (auteur et historien), de la publication du livre L’Acadie, hier et aujourd’hui avec Phil Comeau (cinéaste), du lancement de l’album Gazebo avec Joseph Edgar (auteur, compositeur et interprète), de la publication de la série Autobiographie avec Herménégilde Chiasson (artiste multidisciplinaire et ancien lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick), des enjeux spécifiques aux femmes en Acadie avec Paulette Sonier Rioux (trésorière de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne) et du rôle de la Société nationale de l’Acadie avec René Cormier (président de l’organisme). Ces courts entretiens se veulent une façon de préserver, voire d’immortaliser des témoignages d’individus qui ont eu un impact important sur l’Acadie en tant qu’artistes, chercheurs et militants.

Comme il a été possible de le voir, le webzine a beaucoup évolué depuis ses débuts. Plus de 200 publications après son lancement, la pertinence et la légitimité d’Astheure sont bien établies. À plusieurs reprises, des textes publiés ont provoqué des débats qui se sont répercutés dans d’autres médias. Des chroniqueurs d’Astheure ont été mentionnés dans les pages des journaux et sur les ondes des radios. Ils ont participé à des débats, à des tables-rondes et à des entrevues. Enfin, les cinq cofondateurs d’Astheure ont figuré au top 30 des jeunes acadiens à surveiller de L’Acadie Nouvelle en 2014.  Mais l’équipe de rédaction n’a pas pour autant l’intention de s’asseoir sur ses lauriers. Résolument tourné vers l’avenir, le webzine prévoit plusieurs nouveaux projets et plusieurs nouvelles collaborations pour 2016!

Le besoin pour la critique et le débat se font toujours autant sentir en Acadie. Astheure est un projet qui se développe de façon graduelle. Il est le fruit de la confiance que lui ont octroyée un nombre importants de collaborateurs, de chroniqueurs, de critiques, de correcteurs et d’autres bénévoles tout aussi importants les uns que les autres…sans compter des milliers de lecteurs. Le webzine n’est rien sans tous ces gens qui lui insufflent leurs idées et leur énergie. So, astheure on fait quoi? C’est à vous de le décider!

À propos…

Marie Hélène EddieMarie Hélène Eddie est étudiante au doctorat en sociologie à l’Université d’Ottawa. Elle s’intéresse à la francophonie, aux médias d’information et au journalisme, ainsi qu’aux enjeux féministes et minoritaires. Elle habite à Ottawa mais son cœur est en Acadie.

Luc LégerLuc Léger est originaire de Moncton. Il détient un baccalauréat en science politique et une mineure en études françaises de l’Université de Moncton ainsi qu’une maîtrise en science politique de l’Université Laval. Il est présentement doctorant à l’École d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa. Il est un des cinq membres fondateurs de la revue Astheure.

2 réponses à “Plus de 200 publications depuis le lancement : Astheure on fait quoi? – Collectif

  1. J’aime beaucoup le discours chez Astheure, mais parfois je trouve le texte (vocabulaire, etc) un défi. Quant à mes cours de communication de faits scientifiques, nous sommes conseillés d’écrire à un niveau de secondaire 10e année (max!) pour le public en grands. Alors qu’ Astheure est plutôt traité comme un discours parmi les gens éduqués, la population de l’Acadie en général n’atteint pas ce niveau. J’imagine que souvent les gens sont intéressés par les articles, mais les laissent tombé après quelques phrases. Si un discours global est voulu, on devrait commencé en répondent au besoin de la populace. Merci!

    • Merci beaucoup pour votre commentaire. Nous essayons toujours de trouver le juste milieu afin d’atteindre le plus d’Acadiennes et d’Acadiens possible, mais il est vrai que parfois, nos textes ne sont pas accessibles à tout le monde. Nous en sommes conscients et nous prenons au sérieux votre commentaire. Nous espérons que vous allez continuer à nous lire quand même et de notre côté, nous allons continuer de tenter de nous améliorer!

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