Mon assimilation, mon exil – Céleste Godin

Well, c’est le temps de devenir un cliché. Une autre Néo-Écossaise en exil. Une autre Acadienne qui quitte la ville des Anglais. Une Acadienne Errante. Farewell to Nova Scotia. Etc.

C’est un exil auto-imposé. C’est mon choix, et celui que je dois faire. En fait, personne n’a même tenté de me décourager. Pas même en blaguant. Pas même pour une seconde. Pas même mes parents. Comme si c’était si évident que ça que je devais aller à Moncton, même sans job, et sans plan fixe.

Ce n’est pas parce que c’est le choix évident que c’est facile.

J’ai toujours senti cette place, Halifax, et la Nouvelle-Écosse, jusque dans mon âme, jusque dans mes veines. Je vibre à sa fréquence. Je suis faite de sa brume.

Et je sais que malgré tout, je dois partir. Je m’empoisonne ici.

Je devais changer de maison anyways. L’époque de «Petit Pré» tire à sa fin. C’est impossible de transmettre à des gens qui ne vivent pas en ultra-minorité à quel point elle était révolutionnaire, cette maison, mais ça ne l’a pas empêchée de l’être. Pour une fille qui a grandi à Halifax, vivre dans une maison où tous tes colocs sont francophones, te parlent en français, et sont des Acadiens en plus, c’est extrêmement rare et précieux. Nos vies ici sont tellement mêlées dans l’anglais qu’être dans une pièce où tout le monde parle français, c’est une occasion spéciale. Depuis deux ans, j’ai droit à tous les petits privilèges qui viennent avec le fait de vivre dans une petite forteresse acadienne, ceux qui sont si faciles à prendre pour acquis. Je parle en français à tous les jours, dans un contexte familier et social. Les artistes francophones que j’écoute peuvent être joués tout haut et appréciés en groupe (au lieu d’être «that french music»). Je peux discuter et débattre des enjeux de la francophonie minoritaire contemporaine avec mes colocs (au lieu que ce soit «that french stuff»). Ils comprennent qui je suis dans le contexte de la francophonie canadienne et l’Acadie (au lieu d’être «that french girl»). Et le plus important, c’est que je peux parler en français et être entendue (au lieu de me faire répondre «I don’t understand»). Ce sont ces choses-là qui m’ont donné un refuge acadien dans Génocideville. C’est mon bunker contre l’assimilation, et contre le sentiment qu’être francophone me rend étrangère dans ma propre ville.

Crédit photo : Céleste Godin.

Crédit photo : Céleste Godin.

Ça pouvait pas durer forever. Il est temps d’aller chacun de notre côté. Jonah retourne à la Baie pour apprendre à charpenter et pour être plus près du Tide School. Ovide continue son trajet vers sa légende personnelle, et gère sa compagnie de limousine. Et moi…je devais faire un choix, rester ici et tenter de survivre la radiation de l’assimilation, sans la protection du bunker, ou me sauver dans les bras de mon amante, Moncton, capitale de la contre-culture acadienne.

So, it’s time to go. Je pars parce que j’ai peur de rester ici. Je pars parce que je suis tannée d’être dans  «la masse anglaise». Je n’en peux plus de vivre là où l’anglais c’est normal et moi je suis bizarre. Je n’en peux plus de me faire demander si je suis Québécoise quand on m’entend parler en français. J’en ai marre de me faire demander d’où je viens vraiment lorsque je dis que je suis une francophone d’ici. Je rage de voir le soulagement sur le visage des gens lorsque je leur dis que mes parents viennent de la Baie Sainte-Marie et de l’Ontario, comme si ils étaient heureux de se prouver que je ne viens pas vraiment d’ici, puisque les francophones ne viennent pas de Halifax. J’ai fini de me sentir handicapée par ma distance d’une francophonie palpable et tangible. Et je pars parce que je commence à m’assimiler. Again.

Les gens n’ont pas tendance à me prendre au sérieux quand je dis que je m’assimile. C’est peut-être parce que ça ne paraît pas toujours. Ce n’est pas que je ne suis plus capable de parler en français. En fait j’ai le privilège d’avoir un tas de mots en français dans mon cerveau, le résultat d’une enfance plongée dans des livres. Quand ils ont envie de sortir, c’est un super-pouvoir linguistique qui me surprend à chaque fois. Une fois, interviewée en direct à la télé, j’ai pensé  «holy fuck, c’est fucké», et de ma bouche est sorti  «franchement c’est ahurissant et j’en suis abasourdie». Malgré les erreurs de français que je fais, faut savoir de moi que j’ai toujours eu une longueur d’avance sur mes pairs à ce niveau, le genre d’enfant qui saute une année scolaire et qui se rend au niveau national de la dictée P.G.L. J’ai depuis longtemps eu plusieurs privilèges que les autres autour de moi n’ont pas eu, tel que comprendre et parler le français  «chic» (enfant, j’avais un accent qui ne peut être décrit que par l’adjectif «radio-canadien»), et parler à des francophones d’ailleurs sans sentir que mon français n’était pas à la hauteur. Cette amitié d’enfance avec le français  m’a protégée du complexe d’infériorité envers ma langue, monnaie courante en Nouvelle-Écosse.

Le problème avec les mots, c’est que parfois ils restent endormis. C’est le résultat d’un repos à long terme. À force de vivre dans une ville anglaise, de consommer la culture américaine en anglais, et même à parler en anglais à mes colocs sans m’en rendre compte, j’ai des mots qui se font timides. Il y a une pléthore de mots qui me sont étrangement exotiques. Pas parce qu’ils sont des mots de vocabulaire compliqués ou chics. Ils  me sont exotiques parce que ça peut faire des années depuis que je les ai entendus. Les entendre à nouveau, peu importe le contexte, me fait répéter le mot fort et avec brio, comme s’il venait d’être inventé. Je garde les meilleurs dans mon calepin (CALEPIN!), question de ne pas les reperdre trop rapidement: Catéchèse. Débile. Gigoter. Fauve. Les mots que j’utiliserais spontanément à leur place seraient en anglais («notebook»), ou une combinaison de mots français plus simples et moins précis («les petits cours plates que t’es forcée à prendre avant la messe»).

Crédit photo : Céleste Godin.

Crédit photo : Céleste Godin.

Tous ces facteurs d’assimilation multipliés par le temps font que j’ai davantage de mots comatoses dans ma cervelle et de mots anglais dans ma bouche. Sure, c’est normal que dans mon contexte, je métisse, je créole, je frangliche, je chiaque. Mais ce n’est pas ça. C’est un enfouissage continu de mots qui ne voient plus la lumière au bout du tunnel. Ce sont des expressions, suicidaires, qui me quittent. C’est une assimilation en slow-motion dans ma tête. It’s happening to me right now.

Je sais que je ne m’imagine pas ce que je vis, parce que Claudia, mon amie/mentor/complice qui a vécu et vibré dans les Badlands, me l’a dit. On a passé une fin de semaine ensemble il y a quelques mois. Après quelque jours, elle m’a dit tout doucement, à voix basse, que j’étais en train de lui parler pas mal plus en anglais qu’avant. Ça avait le ton d’un ami qui te dit que tu as recommencé à boire un peu trop, et qui s’inquiète pour toi. Elle me l’a dit parce qu’on sait toutes les deux que c’est un comportement inconscient. On sait toutes les deux que parler en anglais n’est pas la maladie, mais plutôt le symptôme d’une carence de français dans sa vie. Et on sait toutes les deux ce qui peut arriver si on reste sur ce chemin-là. It could happen to me. Again.

Les gens ont tendance à ne pas me croire quand je leur dis que je suis déjà passée près de perdre mon français. Quand on est perçue comme un poster child/mouton noir de la cause francophone/acadienne, les gens ne croient pas qu’on puisse perdre son français. Mais l’assimilation n’est pas un processus «cold turkey». Ce n’est pas un rejet conscient de sa langue et sa culture.  C’est un processus subtil et sournois. Comme la vie, ça arrive pendant qu’on est occupé à autre chose.

À 20 ans, j’étais occupée à autre chose. Je travaillais en anglais et j’avais des amis anglophones. J’ai travaillé au centre d’achats et ensuite dans un énorme centre d’appel. Je vivais avec une amie du secondaire. On se parlait en anglais, comme presque tout le monde qui a fréquenté une école francophone en ultra-minorité. Mon cercle social était centré autour du travail. J’ai eu des chums et j’ai éventuellement déménagé avec un d’eux. Quelques années ont passé.

Et même si je demeurais fière d’être Acadienne et de parler français la force des choses a fait que ma vie était presque entièrement en anglais. Les seules personnes à qui je parlais en français étaient mes parents, et ce n’était pas souvent. Et mes mots se sont endormis un à un, sans que je m’en rende compte. À force de n’entendre que «umbrella», «parapluie» s’est assouvi. Va de même pour «épicerie», «étagère», et «casserole», tous dépressifs et partis se coucher.

Crédit photo : Céleste Godin.

Crédit photo : Céleste Godin.

Remplacer quelques mots pour de l’anglais sonne et feel comme une chiaquisation, rien de grave. Mais les mots continuent de se cacher, et éventuellement, ils se font rares. Je ne sais pas ce qui constitue  «trop» quand on parle de mots perdus dans une assimilation progressive. On aurait grandement intérêt, en fait, à quantifier exactement où est le point de non-retour. Quand est-ce que notre langue devient rouillée au point  où on est peu apte à y revenir? C’est une question qui demanderait une attention urgente, parce qu’un nombre incalculable de francophones sont en train d’enterrer des mots sans le savoir, at this very moment.

Pour moi, le point de non-retour était un jour, lorsque je parlais à ma mère et que je n’arrivais pas à faire des phrases complètes. Je n’arrivais plus à trouver mes mots, qui n’étaient plus à leurs places dans ma tête.

Et j’ai eu honte. Profondément honte.

Moi, fille qui a été élevée dans une famille extrêmement engagée envers la cause. Moi, première à avoir fait toutes ses années scolaires à la première école francophone de ma région. Moi, fille d’une femme qui s’est battue pour que j’aie une école francophone,  qui a fondé le conseil scolaire francophone de ma province, qui porte encore les cicatrices de la lutte qu’elle a mené pour la cause des écoles homogènes francophones. Moi, fille d’un homme qui avait activement choisi de ne plus être francophone lors de sa jeunesse, qui a été sauvé de cette grave erreur par ma mère, et dont la réhabilitation linguistique m’a servi d’histoire à faire peur. Moi, qui a passé son adolescence dans le réseau associatif. Moi, qui avait vécu le premier Congrès Mondial Acadien petite fille, qui a fait vivre aux autres celui en Nouvelle-Écosse. Moi, that french girl.

Moi, Céleste à Francine à Julius à P’tit Freddie, l’Acadienne de Halifax, je n’aurais pas pu, couteau à la gorge, vous dire le mot en français pour  «scar». J’ai eu tellement honte que j’en sens encore la cicatrice aujourd’hui. Cette honte m’a sauvé en me forçant à agir avant que ma mère annonce mon décès linguistique à la famille. Dans le contexte ultra-patriotique de ma famille, vivre une assimilation, peu importe la normalité de la situation, aurait été, sans exagération, une mort. Ils auraient fait le deuil de moi en tant que fille de l’Acadie. La lignée s’arrêterait avec moi.

Une ressuscitation était nécessaire.  Heureusement, mon cerveau était plein de mots ensevelis que j’ai pu déterrer avec un changement de cap, notamment avec un emploi à ma radio communautaire locale, emploi pour lequel je devais apporter mon dictionnaire anglais-français pour être fonctionnelle. Je n’ai jamais oublié cette sensation de perdre mes mots. C’est pour ça que je sais que c’est en train de m’arriver. Right now. Again. And I’m not going down that path twice.

En déménageant à Moncton, mon risque immédiat d’assimilation tombe à zéro la minute que j’y mets les pieds. Tout ce que je veux, c’est vivre en français. Vraiment vivre. Pas demander un service en français au gouvernement. Vivre. Pas voir un spectacle de temps en temps. Vivre. Pas trouver constamment des franco-perdus à qui je n’ai rien à offrir sauf des services gouvernementaux et des spectacles de temps en temps. Vivre.

Crédit photo : Céleste Godin.

Crédit photo : Céleste Godin.

Vivre. Rire. Pleurer. Aimer. Haïr. Vivre.

Donc l’exil de Génocideville vers l’Acadie tangible est nécessaire. J’ai confiance que les esprits qui habitent la ville de Moncton me guideront. Je peine pareil de quitter ma presqu’île que j’adore tant. Et je ne pars pas sans rancune.

Ça fait toute ma vie que je défends, haut et fort, l’existence de la francophonie de Halifax. La seconde que quelqu’un, anglophone ou francophone, lève le sourcil quand je leur dis que je viens d’ici et que je suis francophone, je les assomme avec mon spiel sur ma communauté. Sur le fait qu’un tiers des francophones de la Nouvelle-Écosse sont ici (en comptant même pas les troupeaux de gens qui ont passé par l’immersion), sur le fait que nos écoles sont en croissance constante (d’une école en 1998 à six écoles aujourd’hui), sur le fait que Halifax est de loin la région avec le plus de francophones dans la province. On a un centre communautaire, une salle de spectacle, le deuxième plus gros campus de l’Université Sainte-Anne, les sièges sociaux de tous les organismes associatifs francophones, une grosse population militaire francophone provenant de la plus grosse base militaire au Canada, une municipalité qui appuie la communauté francophone, des universités qui attirent des dizaines de milliers d’étudiants venant de partout au monde, et les promesses d’avenir d’être la plus grosse ville à l’Est du Québec dans un monde d’urbanisation. La tête haute, la poitrine gonflée, je les mets au défi de me dire que nous n’existons pas.

Par contre, à part mon discours, ils pourraient passer toute une vie ici sans jamais prendre conscience qu’il y a d’autres francophones à Halifax. Pour moi, le potentiel a toujours été évident. Il suffit de créer un noyau social accessible et récurrent pour ramasser les franco-perdus, et une fois une certaine masse critique atteinte, la balle roulera de soi. Ces gens lanceront des initiatives, et nos salles de spectacle, loin du centre, seront remplies. Quand on croisera des franco-perdus dans cette ville, on pourra leur donner un rendez-vous et leur permettre de rencontrer des francophones comme eux.

Mais c’est pas comme ça aujourd’hui, et ce n’est pas pour demain. Tant que cette communauté ne misera pas sur rassembler les citoyens et tisser une toile social entre eux, rien n’arrivera. Depuis toujours, Halifax est une communauté d’accueil pour des francophones de partout, et a toujours été sous le leadership de gens avec des origines diverses. Mais 25 ans plus tard, nous sommes des centaines à avoir passé par le système francophone, à être les produits de ces décisions, et à avoir grandi ici. Nos besoins ne sont pas priorisés, et les jeunes ont un engagement faible envers la communauté (et souvent, la francophonie en général), et disparaissent dans le brouillard anglais dès la remise de leur diplôme. Et rien ne change.

Crédit photo : Céleste Godin.

Crédit photo : Céleste Godin.

Et j’ai longtemps survécu les Badlands en me disant qu’un jour, on vivrait, au moins un peu, en français ici.  Mais étant maintenant post-associative, et post-fable-francophone, je suis forcée d’abandonner l’espoir que cette communauté francophone existera bientôt. De toute façon, mon assimilation semble avancer plus vite que la construction de cet avenir francophone. Je ne suis pas sure si c’est moi qui a failli à ma communauté ou l’inverse, mais j’vais aller y réfléchir ailleurs, dans l’Acadie tangible. C’est un peu comme si j’étais restée dans ma relation avec Halifax en attendant qu’elle me demande en mariage, et que je suis forcée de constater que j’attendrai longtemps pour quelque chose arrive, alors que j’ai d’autres prétendants.

Je pars avec la peur qu’en ayant tout à coup tous les privilèges qu’on n’a pas dans les Badlands, que j’oublie ce que c’est de vivre à l’extérieur du noyau. Que je me nombrilise aussi. Que j’oublie que la plupart de l’Acadie n’a pas accès à des livres, des spectacles, des films ou des occasions spontanées en français. Que je viens d’une place où oser parler français en public est un geste politique, parfois même dans nos propres familles. Qu’à force de socialiser en français, j’oublie que j’ai braillé d’émotion la première fois que j’étais à un party dans lequel tout le monde parlait ma langue, parce que j’ai pris conscience que c’était même possible.

Ma consolation, c’est de savoir que j’aurai l’honneur de constamment défendre à tous ceux qui ont le malheur d’être nombrilistes que les Badlands existent, et que l’Acadie n’a pas de frontières. Et peut-être que c’est à partir de la capitale contre-culturelle que je peux faire le plus de changement pour la patrie. C’est à mon tour de goûter aux richesses de l’exil.

So, Nouvelle-Écosse, it’s time to go. Before it’s too late. And who knows, peut-être qu’un jour je reviendrai, moi aussi, au berceau de l’Acadie.

À propos…

Céleste GodinCéleste Godin est une patriote acadienne qui vient de Halifax. Elle a été engagée dans le réseau associatif depuis son adolescence, et siège présentement comme personne provenant de l’Acadie au Centre de la francophonie des Amériques. Femme de beaucoup de mots, elle est à son plus grand bonheur lorsqu’elle a un micro dans les mains. Céleste a également un blog personnel à kindofinteressant.weebly.com.

15 réponses à “Mon assimilation, mon exil – Céleste Godin

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  3. Remarquablement émouvant par le courage et l’esprit de résistance! Quelle honte que nous, Français de France, soyons si peu attentifs à ce que vous vivez ! Quelle admiration j’ai pour les Acadiens immensément héroïques ! Quelle leçon quand la France va si mal et voit ces meilleurs représentants la fuir pour…Londres et autres contrées anglo-saxonnes! Tenez-bon! De notre coté nous luttons modestement pour que les fruits de notre immense culture puissent être toujours goûtés dans cette langue nôtre, qui est notre vraie patrie et qui nous est si chère.

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  6. An excellent article, I read the entire text with interest it is emotionally captivating.
    It almost makes me feel like apologising for writing in the language of the conquerors of Acadia. Please understand that I too am a victim of assimilation to the North American Anglo majority. For Acadian deportees keeping their ancestral language has always been a big challenge . Many descendants of those deportees are at a point where they are no longer aware of their Acadian historical heritage. I only realised that fact after beginning a new career with Parks Canada as Heritage interpreter in 1985. Even after living the experience of the October crises in1970 I had not become aware of the assimilation problem. In the community where I was raised it was very multi cultural so we experienced a variety of prejudices which does instill some tolerance. I feel very multi cultural but I feel most affinity towards my mothers people, the Acadians. My experience has indicated that many Acadian descendants are aggressively searching for their roots. It seems like they are possessed by an innate need to be attached to something tangible. I was once told that Acadian history was tacky and negative. It really pissed me off because they were speaking about my mothers people. One of the best learning experiences of my 29 years with Parks was when I mistook a group of tourists for Australians. One of the elderly ladies sternly corrected me. She said « No we are from New Zeeland, and we are Acadians » Caisseys to be exact, we know who we are, where we came from, and how we got there. She laid out her file folder with the documents of her genealogy and said most of the people in her village have Acadian blood. Ever since the discovery of my roots I have felt like an Acadian first because of the immense pride I feel when thinking about the incredible achievements of those heroic ancestors. Their survival was no accident, their evolutionary experience gave them the tools and whatever else it takes to become consummate survivors. That chip on their shoulders does not allow any respite, it is like a sore that won’t heal , a sense of an injustice committed in a time of no justice. The loss of their French language which is as widely shared a cultural element as the English language, does not automatically change ones ancestral origins . Ones identity is simply not entirely based on ones ancestral cultures or any single element of that culture. It is based on a wide variety of distinct elements. As for Acadian identity, the best indicators of their identity reside within their historical heritage, weather they know it or not. Maybe I should start a new organization called AAAA or Association of Americanised or Anglicised Acadians, that would piss them off .Eh ! because they believe that if you lose your language , Ce’st fait accompli you are assimilated. Well I have been partly assimilated and still have that chip on my shoulder. Strange Eh ! I believe that I will always feel very Acadian yet my eight brothers and three sisters do not.

  7. C’est rare que je lise un texte qui me parle autant.

    « Femme de beaucoup de mots, elle est à son plus grand bonheur lorsqu’elle a un micro dans les mains. » – comment puis-je entendre Céleste?

  8. Merci d’avoir partagé ce texte introspectif et si bien dit. Beaucoupe de matière a réflexion pour moi-même, franco-Ontarienne qui travaille dans la fonction publique fédérale mais qui, malgré cela, s’assimle. J’espère qu’en bout de ligne, que tu te ressentes chez toi (et non en exile) a Moncton!J (Et, oui, je sais que le « a » dans « a Moncton » prend un accent grave mais je n’arrive pas a le trouver sur mon clavier anglophone par défaut!)

  9. J’ai réponse à tes questions. Malheureusement, ironiquement, la meilleure information sur le sujet est en Anglais. Ce que tu décris, ça s’appelle l’attrition de la langue.

    https://en.wikipedia.org/wiki/Language_attrition#L1

    L’attrition, comme tu l’as fait valoir, arrive par manque d’exposition. Le cerveau est bien malléable et c’est pas long qu’il va rendre plus facilement accessible la langue que tu utilises plus souvent et reléguer à l’arrière les langues que tu utilises le moins, créant des problèmes de récupération des mots dans les langues moins parlées. Plusieurs se moquent des lois sur l’affichage au Québec qui demandent que le Français soit proéminent, mais c’est loin d’être des conneries. Si l’Anglais était proéminent, les gens se mettraient à utiliser les mots anglais parce qu’ils y seraient plus exposés et prendraient probablement pas le temps de lire le Français qui accompagne l’Anglais.

    J’aimerais beaucoup donner mes sources là-dessus, mais je suis incapable de retrouver la page : J’avais lu qu’une langue est en danger quand elle n’est plus nécessaire à la vie de tous les jours. Le moyen de revitaliser une langue est donc de la rendre nécessaire à la vie de tous les jours. C’est ce que le Québec a fait en obligeant l’utilisation du Français dans les lieux de travail.

    Tout ça était nécessaire parce que les gens sont lâches. On le voit par le Franglais omniprésent à Montréal. Les gens sont trop lâches pour chercher le bon mot en Français. Ils vont prendre le mot qui leur vient en tête en premier, qui est le mot anglais, et l’utiliser. Les détracteurs anglophones essaient de nous faire croire que le Français ne recule pas au Québec, mais ce que les statistiques ne disent pas, c’est qu’une bonne partie des Montréalais répondant « Français » à la question « Quelle langue utilisez-vous le plus souvent à la maison », parlent Franglais. Et ils en sont fiers. Parce que ça fait « Cool ».

  10. Un texte d’une grande portée symbolique et émotionnelle. Entendre parler d’un phénomène aussi complexe et aussi occulté avec autant de lucidité et de poésie me chavire. J’y trouve une résonance sensible et forte avec mon propre destin de québécois borgne au royaume des aveugles. Mes hommages à l’Acadie et à ses enfants porteurs d’espoir. Nous ne vous laisserons pas tomber.

  11. Touchant. Notre communauté a tellement besoin de gens comme toi, mais on peut pas te blamer de partir. En espérant que tes racines te ramèneront ici un jour, peut être plus forte qu’avant, et que tu retrouveras dans la communauté ce qui lui fait présentement défaut.

  12. J’apprécie beaucoup ton texte. Encore une fois (l’autre excellent texte très apprécié portait sur le processus d’assimilation), tu parles de réalités et de vérités, que beaucoup vivent présentement. Peut-être à la différence de la plupart d’eux, toi tu oses t’arrêter sur la question, de réfléchir et de passer à l’action. Je m’identifie bien à ce que tu nous relates. Il y a longtemps, encore jeune adulte (je suis présentement retraité), j’ai vécu ce moment: un espèce de serrement au fond de moi, un pressentiment que sournoisement je devenais autre, que graduellement je me perdais au sein d’un contexte qui manquait à alimenter mon choix d’être. Ce qui m’a réussi a été de me prendre en main, puis de littéralement expérimenter divers contextes pour finalement privilégier certains qui me convenaient. Aujourd’hui, je suis comblé. Quelle belle aventure d’avoir pu navigué dans tout ça, évitant d’y perdre le cap, mais plutôt de ressentir y avoir prospéré. Je suis acadiennement vôtre….. Merci Céleste, et au plaisir de te lire à nouveau.

  13. Bienvenu au groupe
    Québécois(e) d’origine Acadienne
    Moi en tout cas, je suis Québécois d’origine Acadienne, comme ceux de la Gaspésie, des Iles de la Madeleine et de la Côte Nord.
    On estimait, en 1996, qu’il y un million de Québécois avec un patronyme (nom de famille) acadien (étude Léger et Léger), et 3 millions de Québécois avec des ancêtres acadiens (Étude UQAM), soit environ 1 francophone au Québec sur deux!
    http://www.facebook.com/home.php?#/group.php?gid=51600216481
    Nous sommes plus nombreux que les Canadiens d’origine acadienne qui habitent la Péninsule Acadienne. Celle-ci a été habitée vers 1800 après le génocide (déportation, grand dérangement [sic]) des Acadiens. Environ 240 000.
    Nous sommes beaucoup plus nombreux que les Canadiens d’origine acadienne qui habitent l’Acadie d’origine, c’est-à-dire la Nova Scotia (35 000) et Prince Edward Island (5 500).
    http://www.rootsweb.ancestry.com/~nsmhs/roger/odyssey/Quebec

  14. À la veille de cette fête du Tralala… Voir un texte, d’une tristesse qui m’a crevé le cœur, de Céleste Godin, une patriote acadienne en exil. Une autre Acadienne qui a choisit de quitter la ville des Anglais Halifax… pour survivre.

    « En déménageant à Moncton, mon risque immédiat d’assimilation tombe à zéro la minute que j’y mets les pieds. Tout ce que je veux, c’est vivre en français. »

    Malheureusement, pas tout à fait ! Voir Le Canada bilingue de Trudeau

    Laurent Desbois

    Ex-franco-hors Québec, d’origines métis et acadienne,
    fier Québécois depuis plus de quarante ans,
    et canadian… par la force des choses et temporairement …. sur papiers seulement!

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