L’assimilation contemporaine : une explication – Céleste Godin

À tous les enfants qui grandissent en francophonie minoritaire, on raconte la même histoire. Le but, comme dans les contes des frères Grimm, c’est de leur faire peur pour qu’ils se comportent. Et surtout, qu’ils parlent en français. Ça ressemble à peu près toujours à ceci:

Il était une fois un beau village, le village des LeBlanc. Les habitants étaient très fiers de leur culture et parlaient tous le français. Leur culture était riche et patrimoniale, et ils étaient heureux. Mais un jour, les choses changèrent…

Un mauvais sort tomba sur le village. On l’appelait la menace anglaise. Soudainement, un à un, les villageois tombèrent sous le mauvais sort et perdirent leur belle langue. Ils en vinrent à parler une autre langue, celle des autres villages qui les entouraient. C’est comme s’ils avaient oublié tout ce qu’ils avaient connu jusqu’à présent, ou comme si tout à coup, ils ne voulaient plus faire partie de leur propre culture. Ils n’étaient plus des LeBlanc. Ils étaient devenus des White.

Assimilation1

Céleste Godin

La menace dura longtemps et affligea une grande part des habitants du village. Pourtant, un petit groupe résistait encore et toujours à l’envahisseur. C’était ceux qui luttaient constamment contre la menace, sachant que si elle se concrétisait, ce serait aussi pire que si le ciel leur était tombé sur la tête. Tant qu’ils continueraient leur lutte, ils seraient préservés de la menace anglaise.

Aujourd’hui encore, la menace anglaise demeure. Si tu ne fais pas attention, petite, ça pourrait t’arriver n’importe quand. Il ne faut certainement pas que tu fasses honte à tout le monde et que tu deviennes une White. Sois une bonne petite francophone, va à l’école, parle ta langue, et surtout, attention à l’assimilation.

Oui, évidemment, l’assimilation linguistique est un vrai phénomène qui a eu et continue d’avoir un impact sur la francophonie. Mais contrairement à cette histoire, dans la vraie vie, il n’y a pas de sorcière. Personne n’est venu jeter un sort sur nos oncles et nos tantes, sur nos frères, et nos amies. Alors pourquoi certaines personnes continuent de ne pas transmettre la langue française à leurs enfants?

Aujourd’hui, l’assimilation, ce n’est pas se lever un jour et décider qu’on ne parlera plus en français et qu’on serait dorénavant anglophone. Ça l’a peut-être été auparavant. Certainement, il y a eu une époque où le français avait un statut tellement faible dans certaines sociétés qu’il était perçu comme un handicap au succès. On n’avait pas un emploi si on avait un accent francophone. On se faisait traiter de frog dans la rue. On punissait les enfants qui osaient parler leur langue à l’école. Beaucoup de gens ont choisi d’épargner leurs enfants de subir ces malheurs en ne leur transmettant pas cette langue bâtarde et couverte d’humiliation. Ils ont choisi de donner la chance à leur famille de vivre une vie normale et d’avoir du succès dans la vie. Tu fais pas ça parce qu’un anglophone t’a lavé le cerveau, tu fais ça parce que tu crois que c’est la meilleure chose à faire pour tes enfants. Ou encore plus simple, t’as marié un anglophone, pis vous avez autre chose à faire que de mener une lutte quotidienne pour garder un quota de français au foyer. Pas parce que tu care pas, mais parce que tout le monde travaille tout le temps, tout le monde est fatigué et, soyons francs, c’est infiniment plus facile de mener son foyer dans une seule langue, celle qui nous entoure au quotidien. Lutter contre l’assimilation à tous les jours, c’est épuisant et généralement pas très sexy. Y a pas de guide d’utilisateur pour savoir exactement quoi faire, et y a pas de médailles pour les gagnants.

Celeste Godin

Celeste Godin

Mais aujourd’hui, avec tous les efforts qu’on fait pour promouvoir l’avantage d’être bilingue en termes d’employabilité, les choses ont changé. On a tellement dit à tous les parents et enfants ayants-droits qu’« être bilingue, ça donne des meilleurs emplois (marque déposée) » que ça approche un niveau de propagande. Oui, c’est une habileté utile et avantageuse sur un CV, mais trouvez-vous que c’est normal de demander à une fille de huit ans pourquoi elle est fière de parler en français et qu’elle te répond « parce que je veux un emploi bilingue ». À huit ans, une réponse normale serait « parce que c’est la langue de ma mère » ou « parce que c’est ma langue à moi! » ou même « parce que c’est la langue dans laquelle je parle à mon amie Isabelle ». Mais on lui a vendu le mythe du diplôme bilingue au lieu de la laisser trouver sa propre valeur dans la langue.

Pourtant, même si on sait qu’il existe probablement une valeur économique à pouvoir parler en français, l’assimilation persiste. À quoi ressemble cette assimilation moderne?

L’assimilation, c’est quand t’as jamais vraiment vu un film en français sans qu’un prof te force à le regarder en classe. Tu es assimilé cinématographiquement.

L’assimilation, c’est quand t’as pas un seul album en français dans ta collection, parce que toute la musique française, c’est plate. Tu es assimilé musicalement.

L’assimilation, c’est quand tu commences à parler en anglais avec ton ami parce qu’il y a des anglophones dans le groupe, ou parce que c’est pas cool dans le groupe de parler en français. Éventuellement, vous venez à parler toujours en anglais, par habitude et parce que ça serait weird de juste commencer à parler en français pour aucune raison. Tu es assimilé amicalement.

L’assimilation, c’est quand t’a trop honte de faire des faute de français quand tu écrit, et que t’as peur de te faire juger, alors tu écrit en anglais. C’est plus simple, et y a pas de drôle de combinaisons de touche pour faire les accent sur le clavier. Tu es assimilée, littéralement.

L’assimilation, c’est quand tu parles en anglais à l’école parce que c’était un tabou accessible, et que tu continues longtemps après que ça ne soit plus choquant, parce que c’est devenu normal. Tu es assimilé habituellement.

L’assimilation, c’est quand tu sors avec un anglophone, et que le monde que vous bâtissez ensemble est dans la langue que vous parlez les deux. Tu es trop préoccupé par la folle aventure de l’amour pour réfléchir à instaurer un équilibre linguistique dans ta relation. Tu es assimilé, affectueusement.

L’assimilation, c’est quand tu déménages dans une place anglophone et que tu n’arrives pas vraiment à trouver des francophones ou des choses intéressantes à faire en français. Tu vis donc en anglais. Tu es assimilé spatialement.

L’assimilation, c’est quand tu ris seulement en anglais. Tu ne connais pas de blagues en français et tu es juste comique en anglais, de toute façon. Tu es assimilé, drôlement.

L’assimilation, c’est quand t’es tanné que tout le monde commente sur ton accent quand tu te rouvres la gueule, alors tu parles en anglais parce personne fait des remarques sur ton parler dans cette langue. Tu es assimilé, amèrement.

L’assimilation, c’est quand tu dois traduire tes pensées de l’anglais pour sortir une phrase en français, à toutes les fois. Tu es assimilé mentalement.

L’assimilation, c’est quand un jour tu réalises que ça fait tellement longtemps que tu n’as pas parlé en français que tu n’es presque plus capable. Tu es assimilé progressivement.

L’assimilation, c’est quand quelqu’un te parle du français, et que tu répliques que c’est une langue que tu parlais, autrefois. Tu es assimilée, finalement.

À propos…

Céleste Godin

Céleste Godin est une patriote acadienne qui vient de Halifax. Elle a été engagée dans le réseau associatif depuis son adolescence, et siège présentement comme personne provenant de l’Acadie au Centre de la francophonie des Amériques. Femme de beaucoup de mots, elle est à son plus grand bonheur lorsqu’elle a un micro dans les mains. Céleste a également un blog personnel à kindofinteressant.weebly.com.

28 réponses à “L’assimilation contemporaine : une explication – Céleste Godin

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  7. Tu te dis militante de la langue française et pourtant tu ne sembles pas savoir comment conjuguer le verbe écrire… « tu écris » et non « tu écrit » et je vais m’abstenir de souligner tes autres erreurs d’orthographe et de syntaxe.

    • Merci de souligner cette subtilité dans le paragraphe. J’ai demandé à la rédaction de laisser ces fautes. On a tendance à porter jugement quand il y a des fautes (moi aussi je porte ces jugements), et quand les gens ont déjà peu de confiance linguistique, les remarques sur les fautes sont parfois suffisantes pour qu’ils arrêtent de prendre le risque de s’exprimer en français.

      Merci de lire et de commenter.

    • « L’assimilation, c’est quand t’a trop honte de faire des faute de français quand tu écrit, et que t’as peur de te faire juger, alors tu écrit en anglais. C’est plus simple, et y a pas de drôle de combinaisons de touche pour faire les accent sur le clavier. Tu es assimilée, littéralement. »

      Félicitations. Tu viens de donner une raison à Mme Godin d’arrêter de s’exprimer en Français.

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  9. Bilinguisme Canadian « Coast to coast » :
    De la baie des Chaleurs à la rivière des Outaouais.

    Liste des régions bilingues du Canada aux fins de la langue de travail

    http://www.tbs-sct.gc.ca/pubs_pol/hrpubs/offlang/chap5_1tb-fra.asp

    À l’extérieur du Québec, on dirait le gruyère des réserves indiennes, des townships en Afrique du Sud ou de la Palestine !!!!

    Le Canada a complètement abandonné sur les francophones dans les quatre provinces de l’ouest, y inclus Saint-Boniface au Manitoba, qui est à 85% anglais aujourd’hui…
    Rare comme de la merde de pape, lorsqu’on s’éloigne des frontières du Québec et surtout…où le nombre le justifie !!!

  10. Merci pour votre clin d’oeil… merci de souligner que nous sommes les premiers responsables de notre propre assimilation et qu’elle prend diverses formes et contours pour ensuite faire un tout. Personnellement, je déplore aussi ce que vous appelez «le manque de vérité et de nuances humaines dans la discussion sur l’assimilation.» Peut-être qu’un début de solution commencerait par un respect et une appréciation de la langue et des langues au N-B. Ce qui n’existe pas actuellement à grande échelle. Ce qui démontre, malheureusement, une manque de culture générale de d’ouverture vers l’autre.

  11. Il était une fois une groupe de jeunes filles du sud-est du NB qui faisaient de la musique. De la belle musique. Gaie, moderne, urbaine et en français, mêlée de chaic, mais ça dérangeait pas parce que c’était vraie, passionnée. Elles s’appelaient les Hay Babies. Un jour, forte de leur succès, elles sont allées en tournée dans un pays appelée la France. Elles ont eu du succès, car en plus d’être talentueuses elles étaient exotique avec leur français coloré. Le voyage terminée elles sont revenues à Moncton et, pleine d’énergie, ont ouvert un magasin rétro, OK MY DEAR. Avec une devanture toute en anglais. Avec un site Facebook où les descriptions d’articles à vendre sont en anglais. On ne sait pas comment ce conte va se terminer. Je crois que c’est ça que Céleste veut dire. On a tous des choix à faire dans la vie.

  12. Wow…quelle sorte de folies tu viens d’écrire!!!! Cette article m’a VRAIMENT VRAIMENT frustré!!! On a du nerf en chien d’écire des choses pareil!!!! J’ai épouser un anglophone et il n’est AUCUNEMENT une menace et sa famille non plus!!!!! Ils sont entièrement d’accord que nous elevons nos enfants bilingues…OUI…BILINGUE…ils parlent autant en francais qu’en anglais…aussi pour comprendre ce que je dis EN FRANCAIS a mes enfants il a pris un cour de francais. De plus est ce que vous considérer des italiens, Japonais, Chinois, Hollandais…et toutes autres nationalités comme etant une menace…NON!!!!!!!!!! ARRETER DE TRAITER LES ANGLOPHONES COMME ETANT UNE MENACE!!!!!!!!!!!!!! vous etes completement ignorant a ce sujet!!!!!

    • Merci de commenter Nathalie. Je suis contente que ta famille a su équilibrer l’Anglais. En fait ce que je voulais dire, ce n’est pas les anglais qui sont une menace, mais les petits comportements quotidiens qu’on a ou on n’a pas envers le français. Beaucoup de gens réusissent à équilibrer dans un mariage exogamme, et je vous félicite. D’autres choisissent un autre chemin, et c’est d’eux que je parle dans ce texte.

  13. Il est vrai que les enfants entendent souvent qu’il est important d’être bilingue afin de trouver une bonne position sur le marché du travail. J’ai grandi dans un milieu minoritaire à Cornwall, Ontario et à Sydney en Nouvelle-Écosse et maintenant, je suis à Gatineau, à côté de la capitale, Ottawa, et j’enseigne l’anglais langue seconde au primaire. Ce que j’entends constamment, de la part de mes élèves, de leurs parents et de mes collègues, est qu’il est important d’apprendre l’anglais afin d’idéalement devenir bilingue et trouver un meilleur emploi surtout si on veut travailler au niveau du gouvernement. Après avoir passé 10 ans de ma vie en Ontario, 10 ans en Nouvelle-Écosse, quelques années au Nouveau-Brunswick et presque 10 ans au Québec, je crois qu’il est important d’être au moins bilingue et même pouvoir parler une troisième langue et même plus encore. La maitrise de deux langues ou plus est un atout incroyable pour tous. En ayant passé plusieurs années dans plusieurs provinces, je crois qu’il est plus important de maitriser l’anglais que le français car l’anglais est une langue universelle. Donc, je crois qu’il est primordial pour les québécois d’apprendre l’anglais.
    Je crois que chaque parents devraient transmettent leurs langues même si ces langues ne font pas partis des langues minoritaires du canada. Apprendre et maitriser une langue, c’est une richesse. Chaque enfant à l’habiliter d’apprendre plusieurs langues. Idéalement, le parent qui veut montrer une langue à son enfant doit parler cette langue dès la naissance de son enfant. Un enfant peut apprendre plusieurs langues en même temps. Je connais des enfants qui ont appris trois langue et plus dès la naissance et cela n’a aucunement nuit à leur développement. Au contraire, ces enfants sont plus doués qu’un enfant qui maitrise qu’une seule langue.

    Exemple, mon conjoint est canadien de descendance portugaise. Ces parents habitent au Canada depuis 40 ans et ils ont parlé portugais à leurs enfants. Donc, mon conjoint est bilingue : anglais et portugais. En tant qu’employé pour le gouvernement, il réalise qu’il serait préférable pour lui de maitriser le français également afin de lui ouvrir des portes supplémentaires. Pour lui, il est essentiel que ces futures enfants aillent à une école francophone afin qu’ils apprennent le français. Pour lui, je crois qu’il est plus essentiel pour ces futures enfants d’apprendre le français que l’anglais car il se sent limité lui-même car il ne parle pas en français. Moi de mon côté, je suis bilingue depuis mon enfance. Je me suis toujours dit que lorsque je vais avoir des enfants, ils vont apprendre les deux langues que je parle (français, anglais). Idéalement, je me disais également que j’aimerais avoir un partenaire qui parle une autre langue afin que mes enfants puissent parler trois langues. Donc, aujourd’hui, je souhaite que mes futures enfants apprennent le français, l’anglais et le portugais. Pour moi, cela ne représente pas un défi énorme. Je vais parler en français à mes enfants, mon conjoint va leur parler en portugais et mon conjoint et moi communiquons en anglais donc les enfants auront un contact avec les trois langues. Ils iront probablement à une école francophone car nous considérons qu’apprendre le français est plus compliqué que apprendre l’anglais, surtout au niveau de la grammaire. Nous leur apprendront l’anglais afin de bonifier les cours d’anglais langue seconde qu’ils auront à l’école. De plus, nous planifions inscrire nos futures enfants à des cours de portugais qui se dérouleront les samedis. Les enfants auront tous les chances de leur côté afin de maitriser trois langues! Ensemble, tout est possible!

    Être fière de sa langue maternelle est de faire son possible pour l’enseigner à son conjoint s’il ne parle pas la même langue. Être fière de sa langue, c’est la transmettre à ses enfants. Être fière de sa langue maternelle c’est l’utiliser lorsqu’on a l’occasion.

  14. Et l’ assimilation dans les écoles francophones même ou on y fait rentrer tellement d’enfants qui parlent que l’anglais que le français devient un français dilué? Ça compte ça aussi, non?

    • Il est aux enseignant(e)s d’exigé le français. J’enseigne au Québec et nous avons des élèves anglophones et bilingues dans mon école. Les enseignant(e)s leurs demandent de parler en français en classe et la plupart ont recourt au service de francisation afin de les aider dans l’apprentissage du français. Je suis enseignante d’anglais langue seconde au Québec et les anglophones dans mon école sont assimilés par les élèves francophones. Je demande aux anglophones de parler en anglais dans mes cours mais certains se laissent influencer par mes élèves francophones et parlent en français au lieu de parler en anglais. L’assimilation est partout….

      • Un enseignant dans une école francophone d’Halifax (ma région) ne peut pas exiger que les élèves parlent français. Voici la description d’une classe typique de 25 élèves. Environ 10 élèves n’ont absolument contact avec le français hors de l’école; environ 10 élèves ont un parent francophone qui parle parfois/rarement français à la maison et finalement, environ 5 élèves ont des parents francophones qui parlent régulièrement français à la maison. Comment est-ce qu’un enseignant peut exiger le français dans un tel environnement sans utiliser un électrochoc?

  15. J’ai bien aimé cet article. Pour la première fois quelqu’un prend le temps d’expliquer c’est quoi l’assimilation (même si je connaissais déjà le terme) et surtout j’ai aimé le début où l’auteur parle de l’histoire que certains racontent pour faire peur aux enfants.
    Pour une fois on parle du français sans essayer de donner la  »guilt trip » aux anglais. On en parle dans le sens que c’est NOTRE responsabilité si on veut continuer à parler français et non pas celle des anglais d’apprendre notre langue de force parce que c’est la loi.
    Bravo Céleste.

  16. J’ai beau lire le texte à plusieurs reprises, je ne comprends pas où tu veux en venir.
    Je doute qu’il y ait quelqu’un qui pense qu’on peut arrêter l’assimilation complètement en Acadie. C’est une réalité pour les minorités à peu près partout. On peut la ralentir toutefois en s’assurant que le français n’ait pas un statut trop faible et donc qu’il puisse être utilisé dans les situations de la vie quotidienne.

    « Mais aujourd’hui, avec tous les efforts qu’on fait pour promouvoir l’avantage d’être bilingue en termes d’employabilité, les choses ont changé. On a tellement dit à tous les parents et enfants ayants-droits qu’« être bilingue, ça donne des meilleurs emplois (marque déposée) » que ça approche un niveau de propagande. Oui, c’est une habileté utile et avantageuse sur un CV, mais trouvez-vous que c’est normal de demander à une fille de huit ans pourquoi elle est fière de parler en français et qu’elle te répond « parce que je veux un emploi bilingue ». À huit ans, une réponse normale serait « parce que c’est la langue de ma mère » ou « parce que c’est ma langue à moi! » ou même « parce que c’est la langue dans laquelle je parle à mon amie Isabelle ». Mais on lui a vendu le mythe du diplôme bilingue au lieu de la laisser trouver sa propre valeur dans la langue. »

    Est-ce qu’il y a vraiment des francophones hors Québec qui n’apprennent l’anglais que pour se trouver une bonne job? L’anglais est partout et est toujours utile! Comme tu l’écris plus tard, beaucoup d’Acadiens consomment plus de médias anglos que francos (et je m’inclus là-dedans), alors c’est clairement un bilinguisme qui dépasse le travail et les questions économiques selon moi. Je dirais plutôt que « pourquoi es-tu fière de parler en français » n’est pas une question qui a grand sens, surtout pour un enfant de 8 ans. Est-ce que les autres réponses que tu proposes sont plus logiques ou valables?

    Qu’est-ce que tu déplores – qu’on a peur de l’assimilation? Qu’on n’a pas assez peur? Qu’on ne peut rien faire pour la freiner? Qu’on n’apprends une deuxième langue que pour avoir accès à des emplois?
    Ej get juste pas pis chu right confused so donnez moi d’la help chekun please thank you.

    • J’va essayer d’éclaircir mon point de vue. D’abord, je voulais surtout mettre en mots ce que j’ai vécu et ce que mon entourage a vécu et vit encore. Je voulais mettre à l’avant la grosse zone grise entre les assimilés et les pas. Je voulais parler de la vraie vie des gens, sans les lunettes roses.

      Lhistoire de la petite fille c’est une autre affaire. On passe notre temps à vendre le français comme seulement un ajout au CV des enfants. Franchement, j’en ai ras le bol. Et c’est pas assez pour que les jeunes sentent, rient, vivent et pleurent en français. Et si on n’a jamais « vit » en français, ce que je vois arriver c’est que les gradués appliquent peut-être peut-être pas pour des jobs en français (ca dépend de leur niveau de confiance), mais ils n’accepteraient pas de venir à un party qui se passe en français. Et ces gens la sont nos soit-disant gradués bilingues et fiers. Je trouve ça pas mal fucké, franchement. Je ne déplore pas l’enseignement de l’anglais, mais ici on utilise la langue anglais comme raison d’aller à l’école en français. C’est pas assez.

      Ce que je déplore c’est le manque de vérité et de nuances humaines dans la discussion sur l’assimiliation.

      • Oh pis juste pour ajouter un morceau d’information: Dans les écoles françaises en Nouvelle-Écosse, et dans la plupart des autres provinces que j’ai vues, les jeunes se parlent an anglais à la journée longue, en classe, dans les corridors, à leurs profs. C’est profond. Ces jeunes-là sont, selon mon point de vue, déjà pas mal assimilés avant même de recevoir leur diplôme francophone. Alors imagine comment ils (et moi) on vit nos vis à partir de ce point de départ-là. C’est en fait ça que je voulais partager avec vous.

        • Merci pour la réponse rapide!
          J’avais en tête les régions bilingues au N.-B. lorsque je lisais et je croyais que tu parlais du bilinguisme dans le sens non « d’apprendre le français » (sens jusqu’à ce jour inconnu au New Brunswick), mais « d’apprendre l’anglais », donc ça explique pourquoi je ne suivais pas bien. Ici c’est peut-être comme un atou au CV que le français est vendu, mais juste aux anglophones. Ce qui n’est pas sans problèmes considérant que seulement 25% des anglophones qui ont un diplôme « bilingue » d’immersion sont capables de parler le français. Après ça ils vont se faire dire que ça vaut rien si tu peux pas parler, lire et écrire la langue, et ils vont se sentir crossés. Et, comme tu l’as dit, c’est pas une assez bonne motivation pour apprendre une langue.
          Pour ce qui est des jeunes francophones qui se parlent en anglais, c’est vrai que ça se voit un peu partout, mais c’est pas partout oû c’est nécessairement un « problème ». Ce l’est quand le seul français entendu et parlé est en classe. Mais en même temps, je suis pas convaincu que ce soit très sain de faire les élèves manger du savon quand ils parlent anglais ou chiac entre eux.

  17. Worry-toi pas, si j’te dis ça, c’est que je suis half-assimilé moi-même. Ça veut pas dire qu’on est des mauvais acadiens, pis ça veut pas dire qu’il faut être pas authentiques avec nous-mêmes. Moi j’veux pas écouter la TV québécoise non plus.

    Je voulais juste donner la chance de réfléchir que même chez les plus convaincus et hardcore d’entre nous, nos cerveaux sont à moitié en anglais au moins. Que c’est ça la vraie vie. Merci de lire et de commenter.

    • non non, j’ai aimé ton article! C’est juste que ce n’est pas si facile que ça « choisir un side » entre français et anglais. D’un bord, les acadiens doivent sider avec les quebecois sur les languages rights. De l’autre bord, les maritimers sideont ensembles parce que les qualités de vie sont semblable entres ces provinces.

      J’trouve que Asteure est très polarisés en faveur des gents qui sont super français (et aussi acadiens) comme ceut qui ont été a l’université en français. Pensez-vous que ma mère qui est une Leblanc d’un village acadien care si que la personne au fast food joint la sers en anglais? Non! Les familles acadiennes qui parle le français a la maison, au moins au sud-est de la province, sont content d’avoir les écoles en français pi that’s about it. Ils veulent pas même visiter des docteurs en français parce qu’ils savent pas tous les mots spécifiques dans la langue.

      Peut-être le problème de mon bord c’est que tous les familles du sud-est du NB sont déjà assimile, spécialement les familles qui sont des fermiers pi des blue collar workers; ils ont pas le temp ou la patience de lire ou watcher les medias française.

      • C’est exactement ça que je vois aussi. Trois quart du monde qu’on compte dans les statistiques francophones ne regarderaient jamais une émission de tv en français. C’est pas un jugement, je dis pas que c’est bon ou mauvais. C’est juste comme ça qu’on vit, perdus entre deux langues.

        Pis ça fait peur a bien du monde de le dire comme ça. Yeah, peut-être que le monde au sud est sont 1/2 assimilés, et ici en Nouvelle-Écosse on est 3/4. C’est ca la vraie vie. Ce que je voulais essentiellement dire là-dedans c’est que c’est pas noir ou blanc. C’est pas assimilé complètement ou pas du tout.C’est humain, c’est individuel, c’est nuancé. Ça veut pas dire que tout est perdu et qu’il n’y a plus d’espoir, ça veut juste dire que c’est right compliqué, et souvent right émotif.

  18. Ben, jva écrire ma réponse en chiac. I guess après de lire s’t’arcticle icitte chu VRAIMENT assimilé. J’ watch pas des films en français ni de la TV. Pas depuis Passe-Parout (autre que Acadie Man). J’ai pas d’album de musique en français autre que Lisa Leblanc et les Hay Babies. J’ai pas de livre en français autre que Ti-Jean pi un Harry Potter que j’ai eu pour une piace au Frenchies.
    J’get pas des jokes en français a mois que c’est une joke de menoncle ou en français acadien.

    I guess y’a une trend dans tous mes assimilations…c’est parceque j’aime le français acadien seulement et non le francais de Québec. Les émissions, la musique, les livres, et surtout les films francais de Québec ne sont pas acadiens assez pour que je les enjoy. J’dirait que j’aurai besoin d’une assimilation Québécoise pour ça. Over my dead body.

    Si ça veut dire que je lis seulement des livres anglais, pi je watch mes médias en anglais aussi, good. I couldn’t care less. J’aime ça la Holywood, Netflix pi HBO. Pi chu sad pour les pauvre québécois stuck à enjouer la vie avec des traductions pi des soutitres.

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