Toi, je souhaite que tu ne me suives pas juste sur Twitter #PickUpLineAcadienne – Marc-André LeBlanc

Bien souvent, le 15 août, on aime nous rappeler qu’il faut être fier d’être Acadien plus d’un jour par an. Je dois même avouer que je suis parmi ceux qui prêchent par cette doctrine lors de notre fête nationale. Heureusement, il semble que, déjà cette année, l’Acadie peut se réconforter et dire que nous avons réussi.

Il y a quelque semaine, débutait la nouvelle saison de la LNH. La nouvelle a fait les manchettes partout au pays, et les réseaux sociaux bourdonnaient d’amateur de hockey qui partageait leur joie. Au même moment sur Twitter un mot clic hors de l’ordinaire talonnait #hockeyisback et #NHLFaceOff dans le top 10 des mots clics les plus utilisés au pays. #PickUpLineAcadienne, ce phénomène ayant pris naissance dans l’espace d’un instant, a envahi non seulement la twittosphère acadienne, mais celle du pays en entier.

Chacun à leur tour, des dizaines d’utilisateurs du réseau Twitter ont partagé leur meilleur « pick up line » à saveur acadienne. Poutines râpées, aboiteaux, et déportation faisaient partie des clichés utilisés pour bien colorer ces phrases de dragues dont le taux de succès reste à vérifier. Bien qu’un tel moment passager peut paraitre banal, ce phénomène a bel et bien démontré le potentiel des réseaux sociaux, particulièrement de Twitter dans ce cas, pour un peuple comme l’Acadie. J’avoue, ce ne sont pas par des #PickUpLineAcadienne qu’on va révolutionner l’Acadie, pas plus que le monde de la drague d’ailleurs. Malgré tout, pendant quelque temps, des centaines, voire même des milliers d’Acadiens, ont célébré collectivement leur Acadie grâce à la force des réseaux sociaux. Pourtant, on n’était pas le 15 août!

Cela porte tout de même à un questionnement sur la présence acadienne dans le monde des réseaux sociaux. À la base, il y a certainement un potentiel pour l’Acadie. Nation sans frontière, peuple sans État, diaspora, sont non seulement des qualificatifs que l’on peut attribuer à l’Acadie, mais aussi aux communautés des réseaux sociaux. Par contre, en ce moment, je n’oserais pas parler de la présence acadienne sur les réseaux sociaux comme celle d’une communauté acadienne, mais plutôt comme celle d’un regroupement d’Acadiens.

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Par exemple, personnellement, sur Twitter je savoure quotidiennement les haïkus d’Herménégilde Chiasson (@hermenegilde17), j’apprécie les commentaires à saveur juridique de Michel Doucet (@doudroit), tout comme je me permets de féliciter Lisa LeBlanc (@lisaleblancyo) pour son nouveau mini-album. À cela, il est nécessaire d’ajouter l’excellente contribution de nombreux journalistes de nos médias acadiens.

Cela dit, bien que cette présence individuelle soit significative sur Twitter, il manque toujours un élément de cohésion, pour passer d’un regroupement d’individus, à une communauté acadienne. Par cela, je pense principalement à nos organismes, nos institutions, qui, à mon avis, ne vont pas tirer les pleins potentiels de médias sociaux comme Twitter et Facebook.

Ne pouvant pas me rendre à la dernière Convention de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, le manque de possibilités d’engagement virtuel rendait impossible pour ceux qui, comme moi, étaient dans l’impossibilité de se rendre à Fredericton pour ce « moment privilégié pour les Acadiens et les Acadiennes de façonner leur avenir ». En fait, je pense que cette citation de la présidente devrait plutôt se lire comme un « moment pour des Acadiens et Acadiennes privilégiés d’avoir les moyens de se rendre à Fredericton de façonner leur avenir ».

Le même argumentaire peut s’appliquer au dernier Congrès Mondial Acadien, qui indiquait vouloir « susciter une participation active des Acadiens et des Acadiennes de par le monde qui se rendront sur place ou qui se joindront aux activités par le truchement des moyens de communication modernes ». Excusez mon sarcasme, mais le vide de la possibilité d’engagement numérique dans ce CMA était aussi grand que le territoire de l’Acadie des terres et forêt!

Il y a toujours 2019 direz-vous. Peut-être, mais le réflexe ne semble pas être présent chez les organisateurs alors que personne ne semble avoir pensé créer le compte Twitter et, par le fait même, réserver les noms d’utilisateurs clés avant que des petits comiques le fassent et veulent leur revendre très cher. Ne paniquez pas! J’ai créé les comptes @CMA2019 et @CMA_2019 et je les offrirai gracieusement aux organisateurs en échange de l’espoir qu’en 2019 les réseaux sociaux seront plus qu’un regroupement d’Acadiens, mais bien une communauté virtuelle d’Acadiens.

À propos…

Marc André LeBlancMarc-André LeBlanc est originaire de Haute Aboujagane au Nouveau-Brunswick. Titulaire d’un baccalauréat en information et communication de l’Université de Moncton, il poursuit actuellement sa maitrise en communication, volet étude des médias à l’Université d’Ottawa.

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2 réponses à “Toi, je souhaite que tu ne me suives pas juste sur Twitter #PickUpLineAcadienne – Marc-André LeBlanc

  1. Pingback: Désengagement jeunesse, les médias en francophonie et pensées sur l’assimilation – Daniel Boutin | Astheure·

  2. Excellente réflexion sur cette « Acadie de la Toile », si l’on peut l’appeler ainsi!

    Si je puis me permettre de poursuivre la réflexion, j’ai l’impression qu’il y a un certain écart générationnel en ce qui concerne l’utilisation des réseaux sociaux et de tout ce qui constitue ce web 2.0. Si certains organismes ont de la difficulté à suivre le courant, d’autres comme la FJFNB ont surfé sur la vague et ont réussi à s’adapter convenablement à cette nouvelle réalité des communications. Blog, Facebook, Twitter, Youtube, l’image et le dynamisme de cet organisme rayonne très bien sur la toile!

    Mais si l’on a un exemple modèle, on en a aussi qui sont tout le contraire, non seulement par leurs actions, mais par leurs réactions face aux réseaux sociaux.

    Je me souviens que le sujet avait été abordé lors de l’AGA 2013 de la SANB et la réponse de l’exécutif, comme quoi c’est aux jeunes d’alimenter les plateformes, m’a laissé perplexe. On renvoyait la responsabilité de faire parler de l’Acadie sur le web à la génération suivante, et que ceux qui détiennent le message s’en lavent les mains complètement. On ne peut pas attendre que la population vienne au message, le message doit se rendre à la communauté et les organismes semblent peiner à atteindre la tranche des 18-35 ans. Pourquoi? Parce qu’ils ne vont pas là où ces gens se trouvent, c’est-à-dire sur les réseaux sociaux.

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