Les aventures de Rouge Tomate – David Lonergan

Édith Bourget sait conter une histoire. Elle a le don de créer des personnages vivants, sympathiques, de les placer dans des situations cocasses et d’en tirer de petites leçons qui font réfléchir, sans qu’on ait l’impression qu’elle nous fait la morale. Son monde en est un de partage, d’amitié et d’amour, ce qui n’exclut pas les situations de crise.

Parmi ses œuvres récentes, les quatre volumes de sa série Rouge Tomate publiés chez Boréal dans la collection « Maboul », qui s’adresse aux enfants de 7 à 10 ans. De courts romans fort bien illustrés par Jessica Lindsay.

Rouge tomate_Graffiti sanglant

Crédit photo : Boréal.

Le graffiti sanglant, le narrateur de la série. Ses amis l’ont surnommé Rouge Tomate pour deux raisons : il adore le ketchup et rougit facilement. Il a une dizaine d’années et deux amis, Alex et Robin, avec qui il adore jouer aux astronautes. Alex a une jumelle, Julie, qui aime dessiner des monstres. D’autres personnages s’ajouteront au fil des histoires.

En ce jour de juin, les trois amis découvrent un cœur tracé avec du ketchup sur le mur du terrain vague où ils explorent la planète Mars. Sous le cœur est écrit «je t’auré», faute que ne manquent pas de relever les garçons. Commence alors une grande enquête. Enquête qui se complexifie quand ils découvrent un autre cœur dessiné sur le trottoir et accompagné d’un «se soir» menaçant. La clé de l’histoire? Julie souhaite jouer avec les trois garçons et elle aime bien Tom. D’où son stratagème pour lui faire part de ses sentiments : elle est passionnée par les vampires : quoi de mieux que de tracer des cœurs et des menaces avec quelque chose qui ressemble à du sang? Tom est touché et pas tout à fait indifférent. Julie, après tout, s’appelle Payette comme la célèbre astronaute!

Crédit photo : Boréal.

Crédit photo : Boréal.

L’intrigue de La sorcière de notre rue se déroule durant l’été. Tom est maintenant très «ami» avec Julie qui participe aux jeux des garçons. La voisine de Tom prépare le meilleur ketchup du monde et la cour embaume, jusqu’à ce qu’une odeur de brûlé les incite à courir vers la cuisine de celle que tous appellent «tante Mathilde» : laissé sans surveillance, le ketchup a brûlé. Mathilde revient en souriant avec un livre qui semble précieux. Qu’est-ce qui était assez important pour qu’elle abandonne son ketchup sur le rond? Il n’en faut pas plus pour que les quatre enfants se lancent dans une nouvelle enquête. L’étrange comportement de Mathilde, son penchant pour les robes noires, son chat noir éveillent l’imagination fertile des enfants : et si Mathilde était une sorcière? L’hypothèse semble d’autant plus crédible que Tom a remarqué que le titre du livre commençait par «Gri» comme dans «grimoire». Fort heureusement, ils découvriront que tante Mathilde n’est pas une sorcière et que le livre renferme les pensées et les dessins de son grand-père maintenant décédé.

Crédit photo : Boréal.

Crédit photo : Boréal.

Par une douce soirée de septembre, les quatre amis mangent des guimauves autour d’un feu de camp dans la cour de chez Tom. Ils décident de se conter leurs cauchemars. Celui de Tom, évidemment, se centre autour de l’impossibilité de trouver du ketchup (ce condiment est d’ailleurs trop envahissant dans cette aventure). C’est celui de Julie qui sert de point de départ à l’intrigue, d’où le titre, Un vrai cauchemar. Elle a rêvé que sa petite sœur, Rosalie, avait disparu alors qu’elle en avait la garde. Est-ce un rêve prémonitoire? Or le fils de la cousine de Robin a disparu. Les quatre décident d’enquêter. Au journal télévisé, on parle d’une autre disparition. Et voici que les quatre découvrent qu’un nouveau voisin crée des jouets en bois : pourquoi? Il est vieux, il n’a pas d’enfant. Ses jouets lui servent-ils d’appât? Le lendemain, Julie constate que Rosalie a disparu : elle a fouillé en vain la maison. Les trois autres accourent. Finalement, Rosalie s’était endormie dans la garde-robe de sa chambre. Et puis, les deux autres enfants ont été retrouvés sains et saufs : ils n’avaient pas été enlevés, mais ils n’étaient pas où ils devaient être.

Crédit photo : Boréal.

Crédit photo : Boréal.

Décembre. Les quatre amis lisent des bandes dessinées. Que faire d’autre? demande Tom. Pourquoi pas quelque chose de spécial pour Noël? Après discussion, ils décident de former une chorale avec Jasmine et Zoé (rencontrées dans Le graffiti sanglant) et de passer de maison en maison dans leur quartier pour recueillir de la nourriture pour les démunis puis d’aller présenter leurs chants à la résidence où loge l’arrière-grand-mère de Julie et d’Alex : ce sera Opération Noël. Comme adultes accompagnateurs (puisque les parents l’exigent), ils choisissent la tante Mathilde et le vieux voisin qui a une belle barbe blanche et une généreuse bedaine. L’événement est un succès. Faire plaisir aux autres, c’est aussi se faire plaisir, philosophe Tom. Et puis, Noël, c’est l’amour.

Quatre histoires qui demeurent dans la réalité des enfants : elles n’ont rien d’exceptionnel et en même temps, elles retiennent l’attention. Ces histoires racontent de petits faits qui prennent une importance dans la vie des enfants par la façon dont leur réalité rencontre leur imaginaire. Ils fabulent de la même façon qu’ils s’inventent des planètes à conquérir et des monstres à vaincre dans leur terrain vague. Édith Bourget sait introduire dans la réalité l’élément qui place les enfants dans un monde où réalisme et fantaisie se côtoient. C’est ce qui fait le charme de son écriture.

  • Édith Bourget, Le graffiti sanglant, illustrations de Jessica Lindsay, Montréal, Boréal, coll. «Boréal Maboul», 2014, 56 p.
  • Édith Bourget, La sorcière de notre rue, illustrations de Jessica Lindsay, Montréal, Boréal, coll. «Boréal Maboul», 2014, 56 p.
  • Édith Bourget, Un vrai cauchemar, illustrations de Jessica Lindsay, Montréal, Boréal, coll. «Boréal Maboul», 2015, 56 p.
  • Édith Bourget, Opération Noël, illustrations de Jessica Lindsay, Montréal, Boréal, coll. «Boréal Maboul», 2015, 56 p.

À propos…

David Lonergan1David Lonergan a vécu en Acadie de 1994 à 2014. Il habite aujourd’hui en Gaspésie. Il a travaillé dans divers domaines : théâtre, journalisme (écrit, radio, télévision), enseignement (au secondaire puis à l’universitaire). Il a publié plusieurs livres dont plus récemment aux Éditions Prise de parole, Paroles d’Acadie : anthologie de la littérature acadienne 1958-2009 (2010), Acadie 72 : naissance de la modernité acadienne (2013) et Théâtre l’Escaouette 1977-2012 (2015).

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