Parmi les États américains, la Louisiane est unique dans la mesure éoù [ndlr : où] son gouvernement charge une agence, le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), de promouvoir une langue : le français. Or les Louisianais sont, pour la plupart, une troupe conservatrice, ça fait les problèmes linguistiques sont peu souvent considérés comme des problèmes politiques. On entend ici et là dire une phrase en français dans une publicité politique, mais la visibilité du français dépasse à peine ce contexte. On espère [ndlr : s’attend à] soit l’inaction du gouvernement soit la réduction du financement des efforts de préserver la langue.
Les élections louisianaises pour élire le gouverneur, le lieutenant-gouverneur, les représenteurs en plus d’autres postes dans l’État ont eu lieu en novembre dernier. Le système américain fonctionne comme suit : le gouverneur est le chef d’état, alors que le lieutenant-gouverneur est le deuxième dans la ligne de succession de gouverneur et s’occupe de certains dossiers particuliers. Enfin, les représenteurs sont les élus qui siègent à la législature de l’État.
Bobby Jindal, le gouverneur républicain qui était en poste jusqu’au 11 de janvier, a choisi de fortement réduire le financement, non seulement du CODOFIL, mais aussi des universités, mettant en danger de nombreux programmes d’études, parmi équels [ndlr : lesquels] le programme de français. À cet égard, son départ est vu par les militants comme une bénédiction.
Quand même, le nouveau gouverneur démocrate qui sort [ndlr : vient] d’être élu le 21 de novembre, John Bel Edwards, appuie le financement du CODOFIL et des universités, le maintien du français n’est pas un problème qui le concerne beaucoup. On peut espérer [ndlr : s’attendre à] ce que le gouvernement ne bloque pas les fonds et les efforts, mais n’aide pas directement non plus. Seul Scott Angelle, un des opponents [ndlr : opposants] à M. Edwards lors la campagne électorale, a fait usage du français durant sa campagne, en usant une phrase dans une publicité, quoiqu’il ne le parle pas couramment. M. Angelle semblait le candidat parfait pour la Louisiane, en tant que Cadien conservateur qui appuie le français, mais il n’a même pas atteint le deuxième tour du système de vote à deux tours que la Louisiane emploie.
C’était la même affaire pour le représenteur en place Stephen Ortego, un démocrate francophone qui a perdu sa position dans la législature louisianaise face à la conservatrice Julie Emerson. M. Ortego était peut-être l’élu qui appuyait le plus le français dans la Louisiane mais ça n’a pas suffi. Heureusement, il y a toujours d’autre monde qui reste au congrès. La délégation acadiane, constituée des élus du sud de la Louisiane (le triangle francophone : l’Acadiane), est en général en faveur du CODOFIL et des efforts pour préserver le français. De plus, des membres comme Eric LaFleur, qui est itou le président de la division louisianaise de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Mike Huval et Fred Mills ont tous supporté des mesures importantes. Cependant, il n’y a pas de nouvelle législation en faveur du français qui semble viendre.
Le poste de lieutenant-gouverneur, chargé entre autres du CODOFIL et du tourisme, est peut-être le plus important en ce qui concerne la préservation du français. Durant le Lieutenant Governor Candidate Forum on Culture, un forum au sujet de la culture louisianaise, tous les candidats pour ce poste ont proclamé leur appui au français : Elbert Guillory et Kip Holden après répondre en français et John Young après dire qu’il voudrait augmenter les programmes d’immersion. Or, c’est Billy Nungesser, le seul candidat absent au Forum, qui a gagné la course.
Les perspectives de l’avenir du militantisme pour le français dans la Louisiane semblent positives quand même. Pendant le mandat à M. Jindal, on espérait [ndlr : on s’attendait à] tout le temps des actes d’austérité qui auraient fait obstacle aux efforts de préserver et promouvoir la langue, mais son départ et l’arrivée d’un gouverneur qui n’est, au moins, pas toujours pour l’austérité, fournissent des raisons d’être optimiste. Astheure, les solutions appartiennent au peuple.
À propos…
Josh McNeill est un étudiant en linguistique qui s’intéresse au français louisianais. Il a obtenu son diplôme de baccalauréat à l’Université Tulane en Nouvelle-Orléans et étudie actuellement à l’Université du Québec à Montréal.
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Ceci est un bon survol de ce qui se passe en Louisiane, MAIS ce qui est encore plus important c’est de décrire les contextes louisianais pour les lecteurs canadiens pour qu’ils comprennent mieux…
1) Il y a plus de 18 groupes en Louisiane qui peuvent réclamer un héritage francophone ou créolophone, dont les Amérindiens de la tribu Houma représente le groupe le *plus* francophone, ratio à la population ethnique. Ceci étant dit…
2) Les locuteurs « natifs » de français louisianais ou de créole louisianais sont maintenant âgés de plus de 70 ans. Ils ne parlent ces langues que dans certains contextes très restreints tels que la musique, la ferme, etc. Parler de contextes « officiels, » aller chez le médecin, à la banque, etc. leur est impossible car ces contextes linguistiques ont disparu au cours du 20e siècle.
3) Le concept de droits linguistiques n’existe pas en Louisiane parce que la langue par défaut des parlants français et créole est TOUJOURS l’anglais car leur « relation » vis-à-vis de leur langue/culture fut forgée en anglais dans des écoles anglophones et d’un point de vue anglo-américain, ce qui fait que…
4) Il n’y pas de vraie « communauté » francophone en Louisiane dans le sens canadien. Il y a des individus qui parlent français qui sont à 100% assimilés et qui s’identifient selon des étiquettes ethno-raciales (Cadien, Créole, etc) n’ayant vraiment plus rien à voir avec la langue. De ce fait…
5) Tout effort pour travailler chez les jeunes américains assimilés vers une identité LINGUISTIQUE commune en français dans les écoles d’immersion ou classes de français langue seconde fait d’office face à énormément de résistance chez les vieux parce qu’ils refusent catégoriquement de lâcher prise aux idées et concepts anciens. Donc…
6) Parler français en Louisiane en tant qu’acte politique reste une idée complètement lunaire parce que cela risque de heurter aux sensibilités et au statut quo.