Nous y revoilà, des gens qui font 2500$ de l’heure disent à ceux qui en gagnent 25 que ceux qui en font 12 sont des profiteurs…
C’est ce qui se passe en ce moment. Les gens qui se retrouvent dans le «trou noir» se font insulter par des gens de la basse classe moyenne en raison des discours véhiculés par les gens un peu mieux nantis.
Trop souvent, on entend ces propos de propriétaires de petites entreprises ou d’employés gagnant un faible salaire. Ils sont tous nourris par des informations venant d’un travail journalistique qui donne dans la paresse ou qui ne rappelle pas les bases et l’origine des problèmes.
Même exercice, plus intentionnel, de la part des représentants gouvernementaux qui accusent les chômeurs, à mots à peine couverts, de n’être que des paresseux, pour ne pas dire de vils profiteurs. Le plus pénible, c’est que ça fonctionne et c’est efficace! La cohésion sociale, l’entraide et la solidarité en sont les victimes, surtout en Acadie. Diviser pour régner? Encore?
Un contrat social déchiré
Le tout sans mentionner, admettre ou assumer leurs responsabilités politiques. Nos élus sont coupables d’avoir créé ce problème et ils refusent de le régler depuis 1996, époque à laquelle Jean Chrétien était à la tête du pays. La corrélation entre ces changements au régime et l’accélération de l’exploitation des sables bitumineux n’est pas anecdotique. Le refus de régler ce problème s’explique par des raisons purement politiques et un clientélisme cynique que répète le gouvernement de Justin Trudeau! Brian Galant, au provincial, ne soutient pas les chômeurs et semble n’être que le valet de Dominic Leblanc. Ces mesures — formations de courte durée et improvisées — ne font que recycler des méthodes qui n’ont pas fonctionné. Elles créent de l’animosité de toute part et ne s’attaquent pas au cœur du problème. Il semblerait, par leurs silences complices, que la grande majorité des députés, soumis à la ligne de leur parti, sont rapidement devenus des parvenus sans scrupules ni identité. Tout cela avec la bénédiction de ministres tels que Dominic LeBlanc, un proche de Justin Trudeau. Les deux ordres de gouvernement privilégient les grandes villes, et ce sans nuance.
Tous jouent ces jeux de divisions sans scrupules, sans humanité ni sensibilité culturelle. Ils agissent sans égards aux individus, aux citoyens qu’ils ont pour mandat de représenter et sans égards aux régions atteintes. Même les maires et l’Association des municipalités francophones du Nouveau-Brunswick (qu’attendent-ils?) se taisent par ce qui ressemble lourdement à de l’arrivisme et à de l’aliénation. Pire, ils semblent se taire à cause d’une dépendance bien plus évidente et vicieuse que celle que l’on attribue aux personnes sur le chômage.
Un grand nombre de ces chômeurs vont retrouver leurs emplois sous peu. On ne fera rien entre temps? J’ose parler de «lâcheté» de la part de ces personnes en position d’être entendue et d’agir face à un problème qui se règle! Même en revenant au système imparfait d’avant, tous en sortiraient gagnants. De l’employé à l’employeur saisonnier, jusqu’à la communauté dans son ensemble. Ce qu’il en coûterait n’est sûrement pas plus cher que le coût humain, collectif et même financier que nous payons en laissant perdurer cette violence. Un statut spécial devrait être reconnu dans une loi pour les travailleurs, majoritairement des professionnels, dont l’emploi est saisonnier. C’est pour cela que j’ose aller plus loin dans ma réflexion, tant cela semble clair.
On peut affirmer, sans crainte de se tromper, que l’inaction actuelle est due à un affairisme aveugle. Ce sont les actes de peureux qui n’ont aucune sensibilité face à la pauvreté réelle et qui n’ont aucun désir de voir s’épanouir les communautés et les régions qu’ils prétendent représenter. C’est pourtant leur devoir de soutenir la solidarité communautaire et favoriser la paix sociale.
Cela va au-delà d’un manque de vision et c’est bien plus affreux que de la négligence. Il y a là toutes les apparences d’une stratégie concertée afin de vider les régions au profit des grandes agglomérations. Si cela tient d’une ignorance, alors nous avons le devoir d’éduquer nos décideurs provinciaux et fédéraux. Mais la pente semble raide!
L’Acadie en paye le prix
Pour des raisons culturelles et géographiques, l’Acadie en paye le prix d’une manière plus brutale et inquiétante qu’ailleurs. Il en est de même pour l’Atlantique en raison de sa population plus rurale, de ses us et de ses coutumes! À cause de la négligence des décideurs, ils portent ainsi atteinte à un tissu social, historiquement plus profond qu’ailleurs au pays.
Le message semble être : «Soyez efficaces et productifs, votre qualité de vie et votre histoire, on s’en fiche tout autant que de la pénibilité et l’exigence physique de vos emplois!»
J’insiste : c’est violent. Tout le monde perd dans ce jeu insensé. L’Acadie est plus fragile que jamais. Des actions concrètes doivent être entreprises.
Il est grand temps que nous prenions conscience de cette dérive. Serons-nous les coudes afin de la combattre. Nous méritons ce respect! L’Acadie et l’ensemble de la région Atlantique est en bute à une manière de fonctionner qui lui est nocive. C’est un fait. Qui saura porter ce message?
Allons-nous perdre le Nord? L’avons-nous déjà perdu?
À propos…
Originaire de Petite-Lamèque, Robert Blanchard est fils de pêcheur. Passionné de politique, il a aussi fait des études en théâtre, en cinéma, en scénarisation et en dramaturgie. Il a trois lectures publiques au Théâtre l’Escaouette à son actif. Ultimement, il a pour ambition de faire sa place grâce aux mots, chose à laquelle il s’acharne depuis plus de vingt ans.