Prolonger la vie humaine : avantage ou problématique? – Mathieu Martin

Les êtres humains ont toujours cherché à prolonger l’espérance de la vie humaine. Pendant longtemps, les aventuriers ont tenté de trouver la fontaine de Jouvence. Selon la légende, cet endroit mythique avait la capacité de rallonger notre vie. Avec les progrès de la science, nous sommes maintenant plus près que jamais de ce but ultime. Le nouveau projet Calico, instauré par la compagnie Google, mène présentement des recherches sérieuses pour tenter de rallonger l’espérance de vie des humains. La venue d’entreprises comme Calico, amène à se demander quel sera l’impact de telles recherches sur la société. Il est certain que rallonger la vie peut être attrayant et utile, mais cela comporte aussi de grands risques pour la société.

D’une part, il est certain que prolonger la vie humaine ferait avancer les progrès scientifiques. En effet, selon le professeur Alex Zhavoronkov, sommité en biotechnologie, les avancées de la science dans ce domaine permettraient d’augmenter la production de connaissances. Les grands penseurs pourraient faire des recherches plus longtemps et parfois arriver aux termes de leurs découvertes. Présentement, un grand nombre de recherches prometteuses sont involontairement mises à terme au moment de la mort du chercheur; prolonger la vie pourrait régler ce problème.

De plus, plusieurs problèmes économiques seraient réglés avec le prolongement de la vie. Selon le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, les budgets des différentes provinces canadiennes pourraient augmenter de 4,4 milliards d’ici 2021. Cette augmentation est directement liée au vieillissement de la population et à l’accroissement de la tranche des 65 à 90 ans. Celle-ci entrainera une augmentation des couts en santé, une baisse de la main-d’œuvre disponible et une refonte complète du système de pensions de vieillesse canadien. Bref, la réussite de Calico permettrait d’éliminer ces problèmes en permettant à la tranche âgée de la population de continuer à contribuer à la société.

D’autre part, prolonger la vie humaine peut engendrer plusieurs problèmes bioéthiques. En effet, plusieurs aspects du projet Calico impliquent la modification ou l’altération possible de l’ADN. D’un point de vue scientifique, il est possible de le faire. Cependant, procéder à des modifications de l’ADN présente un grand risque d’erreur de manipulation. Si ces manipulations tournent mal, des personnes ayant reçu le « traitement Calico » pourraient mourir ou devenir infertiles. Il faudra donc attendre encore longtemps pour que la technologie permette au projet Calico de devenir plus sécuritaire.

Parallèlement, il est évident que prolonger la vie humaine est une mesure élitiste. Seuls les gens que l’on considère comme importants et qui en ont les moyens auront accès au projet. Selon le professeur de sciences politiques Fabrice Epelboin, prolonger la vie humaine diviserait l’humanité en deux groupes, les gens normaux et les « transhumains ». Le plus grand danger de cette division est le risque de l’esclavage d’un groupe par l’autre. De plus, il croit que seulement un à dix pour cent de la population aurait accès à ces progrès technologiques. Il est donc inacceptable de prolonger la vie humaine pour une fraction de la population seulement.

En conclusion, il est vrai que prolonger la vie humaine peut faire avancer les progrès scientifiques. Il est également vrai que certains problèmes économiques sont directement liés au vieillissement de la population, et que des projets comme Calico peuvent peut-être les enrayer. Par contre, il est extrêmement dangereux de modifier l’équilibre précaire du corps humain, et prolonger la vie déstabiliserait cet équilibre. De plus, seuls les riches pourraient avoir accès à ces avancées technologiques et cela risque de créer une division entre deux groupes distincts dans la société. Il est donc difficile de dire non à un projet qui a toujours fait miroiter l’humanité, mais comme le poète T. S. Elliot l’a dit, « [s]euls ceux qui risquent d’aller trop loin peuvent éventuellement savoir jusqu’où il est possible d’aller ». On peut donc se demander : Calico est-il le projet qui va aller trop loin ?

À propos…

Martin, MathieuMathieu Martin est né à Edmundston au Nouveau-Brunswick. Dès son enfance, il a développé une véritable passion pour l’histoire et l’actualité. Il est très impliqué dans sa communauté et adore relever de nouveaux défis. Il étudie présentement en histoire à l’Université de Moncton, campus d’Edmundston. Son rêve est de faire le tour du monde…quand il aura de l’argent!

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