The BackYard Devils : heavy bluegrass pour la route – Catherine Welsh

The BackYard Devils. Honkey Tonk Heartbreaker [CD], Moncton, The BackYard Devils, 2014.

Sorti en 2014, Honkey Tonk Heartbreaker, le deuxième album des BackYard Devils (Erik Arsenault, Rémi Arsenault, Christien Belliveau et Dillon Robicheau), est une bonne collection de chansons bluegrass, mais en essayant d’y ajouter un edge, le groupe néglige le romantisme qui rend ce style musical charmant.

Ce qui différencie le style des BackYard Devils du bluegrass typique est la voix rauque d’Erik Arsenault, qui rappelle celle de David Draiman, chanteur du groupe métal-alternatif Disturbed. On s’éloigne du folk ou bien du yodeling lite associés au bluegrass. En fait, sa voix, en mettant une agressivité au premier plan des chansons, est une antithèse au romantisme du bluegrass. Bien que ça fasse changement, ça devient vite lassant. Au point que, quand on entend la voix mélodique du père des frères Arsenault à l’avant-dernière chanson, « All I Want to Do », on pousse un soupir de soulagement inattendu, similaire à lorsqu’une ventilation bruyante s’éteint.

La musique même est toutefois très bien exécutée et réalisée. La mandoline offre une contrepartie agréable à la voix d’Erik Arsenault. L’interlude instrumental « Morning Peeler » et les multiples solos de banjo en cours d’album montrent la complexité musicale se cachant derrière les paroles, qui, elles, manquent parfois d’inspiration. Par exemple, dans « Pack Your Bags », le chanteur met sa blonde à la porte en lui disant « shut your trap, …you’ve been giving me nothing but grief ». Bof.

Crédit photo : The Backyard Devils,

Crédit photo : The Backyard Devils,

Ce disque est plus palpable si on l’écoute pour la musique plutôt que pour les paroles. L’album de treize pièces comporte principalement des chansons au rythme entrainant, dont l’éponyme « Honkey Tonk Heartbreaker » qui, grâce à son refrain accrochant, est indéniablement le ver d’oreille du disque. Ainsi, au lieu de s’écouter en buvant du sweet tea ou de la limonade sur le porche, Honky Tonk Heartbreaker s’écoute plutôt en road trip.

Ce qui adonne bien, puisqu’un des thèmes principaux de l’album est la route. Dès la première chanson au rythme effréné, « Ramblin’ », les BackYard Devils, menés par le banjo de Dillon Robicheau, partent à l’aventure après une rupture. Les pièces de l’album portent sur l’amour, les blues de la route et les voyages au Far-West – pays des cowboys, voyous et femmes des montagnes. En reprenant « How Mountain Girls Can Love » des Stanley Brothers, le groupe néo-brunswickois crée un lien entre ces trois thématiques et tente ainsi d’unir un album qui peut paraître discordant du point de vue des paroles et du fil narratif.

Ce qui déçoit dans cet album est que les paroles n’arrivent pas à la cheville de la musique. Malheureusement, les chansons des BackYard Devils n’ont pas l’occasion de devenir plus que la somme de leurs éléments. Les airs ne changent pas de registre, demeurant dominants et généralement dépourvus de vulnérabilité. Il est donc facile de décrocher à mi-chemin. Malgré tout, la qualité instrumentale et la diversité des chansons rachètent Honkey Tonk Heartbreaker. C’est un disque à écouter en arrière-plan, en cavale vers l’Ouest.

À propos…

Franco-ontarienne d’adoption, Catherine Welsh est esclave du 9 à 5 et passionnée de musique, télé, bouffe et blogues de lifestyle. Elle a deux chats, un mari et habite à Ottawa.

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