Cette année, la station CJSE fête ses 20 ans. Entrée en ondes pour la première fois en 1994 pour le Congrès mondial acadien, la popularité dont elle fait montre depuis cette époque représente un véritable phénomène dans la région. Diffuseur important de la musique acadienne, CJSE jouit d’une grande popularité et compte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’employés et une trentaine de bénévoles.
Pour ma première écoute de CJSE, il faut retourner en 2008 lors de mon passage dans la ville de Moncton. Même si j’étais loin d’être un véritable amateur de country à l’époque, la programmation francophone et les accents locaux me divertissaient largement.
Il est vrai que j’ai toujours préféré les radios aux albums. Il y a quelque chose de plus humain, chaleureux, mais aussi de plus instructif dans la radio. Je n’ai pas été un grand mélomane. Je connaissais peu de choses sur la musique et encore moins sur la musique française. C’est peut-être pour cela que la radio me séduisait. Elle me faisait découvrir de la musique. La radio a bien la vocation d’ouvrir nos horizons musicaux.
Ainsi, mon écoute discontinue, au cours des années, s’est transformée et je suis devenu un fidèle auditeur de cette radio. CJSE ne fut pas pour moi qu’un simple divertissement, mais plutôt une véritable porte d’entrée dans la culture acadienne. C’est grâce à CJSE que j’ai pris conscience de la diversité de la culture musicale acadienne.
Ceci doit rester entre nous, mais je préfère largement cette station aux radios locales de la Péninsule acadienne. Il est difficile de m’expliquer, mais j’ai souvent l’impression de ne pas entendre la spécificité acadienne dans la programmation de ces stations. Au niveau musical, je ne vois souvent pas très bien la différence avec le contenu des stations du Québec.
Il est possible que cela soit une des raisons faisant de CJSE une histoire de réussite dans la région depuis des années. CJSE a effectivement trouvé une formule bien à elle. Cela peut se voir dans la diffusion musicale, mais aussi dans la volonté de choisir des animateurs qui ont l’accent du Sud-Est. Elle est devenue l’une des stations les plus écoutées proportionnellement à sa population au Canada, poussant même de nombreux chanteurs à composer en français (L’Acadie Nouvelle, 15 juillet 2013).
Plus personnellement, cette station reste une façon pour moi de garder contact avec ma culture. Depuis mon exil en dehors de la province, CJSE me permet à la fois de prendre des nouvelles de la région et de découvrir des nouveautés musicales malgré la distance.
Il est difficile de prévoir ce qui attend CJSE dans le futur. On annonce souvent la mort de la radio, mais CJSE nous a prouvé qu’elle a encore sa place. De plus, Internet et les autres technologies donnent accès à la programmation partout sur la planète. CJSE devra sûrement, dans les prochaines années, prendre en compte le fait qu’elle dessert présentement un nombre grandissant d’auditeurs acadiens hors de sa région.
On pourrait aussi croire que CJSE, de par sa programmation country, aurait du mal à renouveler son public vieillissant. Je me rappelle bien d’un temps où plusieurs jeunes ressentaient une certaine gêne d’affirmer leur fidélité à la station.
J’ai l’impression que cette tendance change tranquillement. Le country n’est pas mort. Au contraire, même L’Acadie Nouvelle constate ce retour en force (29 mai 2014). L’arrivée de Lisa Leblanc et des Hay Babies redonne un souffle de jeunesse à ce style musical. Ces chanteuses amènent des lettres de noblesse au country-folk acadien.
Pour terminer, je pense qu’il est nécessaire de le dire et le redire : le country c’est cool.
J’affiche donc mon amour pour CJSE et lui souhaite un bon 20e anniversaire.
À propos…
Gilbert McLaughlin est un fier acadien originaire de Tracadie-Sheila au Nouveau-Brunswick. Passionnéde politique et membre d’Astheure, il est présentement étudiant à Ottawa.