Consentement et pratiques sexuelles non traditionnelles – Sarah Grandisson

Ce texte est le troisième d’une série de cinq textes soulignant la Journée internationale pour les droits des femmes. Il s’agit d’une initiative du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick (RFNB).

Depuis quelque temps, les médias sociaux parlent beaucoup du consentement sexuel. Qu’on parle d’agression sexuelle ou qu’on ait vu le vidéo de la tasse de thé, on se dit immédiatement qu’en tant qu’individu, on n’est pas concerné et que jamais on n’irait à l’encontre du consentement d’autrui. Malgré tout, certains évènements récents, comme l’affaire Gomeshi, viennent nous rappeler le contraire. Saviez-vous que 33% des Canadiens ne comprennent pas ce qu’est le consentement? En effet, plusieurs considèrent encore qu’un individu en relation amoureuse est obligé de consentir. Ils croient également qu’une femme qui envoie une photo osée à un homme consent automatiquement à un acte sexuel. Ce texte traitera de pratiques sexuelles peu communes, qui contrairement à la pensée populaire, sont des exemples qui illustrent parfaitement le consentement sexuel, soit le BDSM.

On définit le sigle BDSM comme tout ce qui est extérieur au sexe traditionnel. On peut inclure des pratiques impliquant la douleur, la mise en scène de divers fantasmes, la dominance, la soumission…tout cela ayant pour but le plaisir sexuel des participants. Puisque ces pratiques ont comme seule limite l’imagination de partenaires consentants, il serait impossible de dresser la liste exacte de toutes les actions inclues dans le BDSM. Ces relations sexuelles peuvent aller du spanking à des actes plus intenses de domination ou de soumission. Certains vont les pratiquer quotidiennement, alors que d’autres les réserveront à l’occasion pour pimenter leur vie sexuelle. Peu importe le cas, les participants se doivent de se respecter mutuellement.

Bien qu’elles soient de plus en plus communes, il semble que les pratiques BDSM demeurent encore incomprises dans la plupart des sociétés. Depuis longtemps, les cultures propagent des mythes qui exposent la pratique BDSM comme une paraphilie, une déviance et même un acte de violence sexuelle. On n’a qu’à penser au film Cinquante nuances de Grey qui propage justement tous ces mythes en exposant un personnage principal qui pratique le BDSM parce qu’il est atteint d’une maladie mentale résultant de l’abus qu’il a subi pendant l’enfance. Chose absurde puisque plusieurs études démontrent clairement que les adeptes de telles pratiques ont une meilleure santé mentale que ceux qui ont des relations sexuelles conventionnelles.

Il faut savoir que ces conceptions fautives à l’égard des pratiques BDSM peuvent mener à de grands problèmes sociaux. En plus de marginaliser une grande partie de la société, ces conceptions fautives contribuent à victimiser les gens qui pratiquent le BDSM. En posant des jugements sans comprendre le phénomène, on en vient alors à culpabiliser des individus sur leurs choix de pratiques sexuelles, ce qui, selon moi, vient contredire totalement le concept du féminisme. On n’a qu’à prendre en exemple le procès de Jian Gomeshi pour s’en rendre compte.

Gomeschi, un ex-animateur de la radio de la CBC, a été accusé d’avoir agressé sexuellement plus de neuf femmes. Elles témoignent s’être fait frapper à la tête, tirer les cheveux et violer par Gomeshi. Comme défense, il aurait indiqué que ses victimes étaient des adeptes des pratiques BDSM et qu’elles auraient, du même fait, consenti à la brutalité de ces actes. On peut comprendre que des juristes qui ne connaissent pas de telles pratiques pourraient facilement se laisser berner par ce genre de commentaires et ainsi punir les mauvaises personnes.

Pourtant, le BDSM a comme base principale le consentement sexuel. Avant de s’engager dans une relation quelconque, les partenaires vont discuter de leurs limites et de leurs désirs afin de maximiser le plaisir. Ils vont également décider d’un «mot de sécurité» qui assurera que les partenaires sont bien à l’aise pendant l’acte. En fait, ce mot de sécurité agira comme barème du consentement des partenaires. En l’utilisant, un partenaire soustrait le consentement qu’il avait donné au départ. À ce moment-là, l’acte sexuel doit s’arrêter ou se modifier dépendamment de ce qui a été décidé entre les adultes consentants, au tout début. Généralement, suite à l’acte sexuel, les partenaires vont également discuter de leur expérience et ainsi donner leurs rétroactions personnelles. À la lumière de tout cela, on ne peut que constater que la communication représente quelque chose d’essentiel dans ces pratiques. Est-ce qu’on peut dire que les pratiques conventionnelles en font autant?

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’existe pas de relations sexuelles consensuelles ou non consensuelles. Sans le consentement, une relation sexuelle est tout simplement une agression sexuelle. Que l’on préfère les pratiques sexuelles conventionnelles ou que l’on désire s’adonner au BDSM, l’important c’est d’être bien. N’acceptons plus les étiquettes qui nous sont données par des gens mal informés. Il faut se rendre compte, homme ou femme, de qui nous sommes, de ce que l’on désire et l’assumer avec fierté.

À propos…

Sarah Grandisson complète sa dernière année au baccalauréat en travail social de l’Université de Moncton. Depuis qu’elle est toute jeune, elle se préoccupe de la question des femmes. Elle s’emporte souvent lorsque les gens ne veulent pas comprendre des problématiques bien simples. À l’été 2015, Sarah a également travaillé sur la question du consentement dans le cadre de son engagement à la Fédération des étudiants et étudiantes du Centre universitaire de l’Université de Moncton (FÉÉCUM).

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