Comeau, Chad, Les chmonnes sont clares, jeu vidéo, 2016, en ligne : https://fringfrang.itch.io/chmonnes.

Les chmonnes sont clares est une visite interactive non seulement de Meteghan, mais également et surtout une expérience linguistique qui nous est présentée par Chad Comeau. Celle-ci prend la forme d’un jeu vidéo qui est accompagné d’un livret, tous deux accessibles en ligne. Le nom du jeu nous plonge directement dans l’univers linguistique de la Baie Sainte-Marie grâce à un petit jeu de mots, l’adjectif «clares» étant un clin d’œil à «Clare», un autre nom donné à cette région néo-écossaise. On pourrait «traduire» les chmonnes sont clares par les chemins sont clairs.

Le jeu est fort simple : le joueur contrôle un bateau à l’aide du clavier. L’embarcation se promène dans les rues de la ville sur un plan de celle-ci. Le joueur doit chercher les «?» et les «!» afin d’interagir avec divers points d’intérêt. Quand il les trouve, il peut soit écouter des clips audio, où des gens de la région racontent l’histoire des noms de rue, soit découvrir en images quelques lieux intéressants de la municipalité.

Le livret d’accompagnement est une version abrégée des informations contenues dans le jeu. Nous y retrouvons des extraits d’enregistrements ainsi qu’une sélection d’images dont l’une du Frenchy’s virtuel de Meteghan, un autre jeu vidéo produit par Chad Comeau. Une présentation des artistes qui ont participé à la réalisation de ce projet est également comprise. La musique a été composée par Jonah R. Guimond (JonahMeltWave), qui a utilisé, entre autres, des extraits des enregistrements que les joueurs peuvent entendre en découvrant l’accent du village. Toutes les images qui figurent à la fois dans le jeu et dans le livret ont été prises par une jeune photographe de la région, Rosella Melanson. Lancé le 4 avril 2016 au festival Clare-Té, Les chmonnes sont clares est un projet Patrimoni’arts de la FRAP (la Fédération régionale des arts du patrimoine de la Baie), avec l’appui de Patrimoine canadien.

Bien que le jeu permette de se promener dans les rues de Meteghan, une personne qui n’y est jamais allée ne sera probablement pas en mesure de se représenter l’ensemble du village par la suite. Le jeu permet seulement de visualiser de petites parties du plan à la fois. Cela confirme que l’intérêt est principalement linguistique. Le format qui comprend des enregistrements audio est particulièrement intéressant, car il élimine la question de l’authenticité du vernaculaire à l’écrit. Sans cela, on pourrait se demander si les témoignages, qui sont écrit en acadjonne dans le guide, sont fidèles à la réalité de l’oralité. Également, Les chmonnes sont clares permet la préservation de la mémoire tant sur le plan de la langue, qui est continuellement en transformation, que sur le plan historique pour l’histoire des noms de rues.

Grâce au jeu de Chad Comeau, il est possible de se familiariser avec les différentes particularités de l’acadjonne de la Baie Sainte-Marie à partir de n’importe quel endroit, sans nécessairement s’y rendre. Parmi ses particularités, la négation «ne pas» subtilisée par «point», des emprunts de l’anglais, des archaïsmes, et le «je» collectif. Bien entendu, ces caractéristiques ne sont pas uniques à la Baie Sainte-Marie; c’est leur ensemble qui forme l’acadjonne qu’il est possible d’écouter et de découvrir dans le jeu Les chmonnes sont clares.

À propos…

Sandrine Duval est originaire d’Edmundston, elle est actuellement en deuxième année du baccalauréat à l’Université de Moncton campus d’Edmundston et elle très impliquée dans la vie universitaire et dans sa communauté. Elle désire poursuivre ses études en littérature.