Nous sommes en septembre 2018.
C’est jour de grande bataille au Nouveau-Brunswick. Eh oui, le jour des élections provinciales.
Comme à l’habitude, des gens votent par anticipation, soit par choix, soit par obligation. D’autres voteront le jour de l’élection, préférant s’aligner à la queue-leu-leu pour inscrire leur choix. Dans cette file d’attente, il y a des têtes blanches et des têtes aux teints grisés. Sur les visages, des rides qui s’allongent, d’autres qui sont plus petites, témoignant du niveau d’expérience de vie de chacun.
Pour d’autres, les rides sont quasi-inexistantes; normal, vu leur statut de «jeunes adultes». Ce qui est particulier dans cette file, c’est qu’on y trouve un vent de renouveau. On y remarque des cheveux blonds, noirs, certains avec des teintures. Sur ces visages de renouveau, on ne retrouve aucune ride.
Pour la première fois, les jeunes de 16 et 17 ans ont leur mot à dire sur le résultat des élections. Ils auront leur mot à dire sur le député qui sera choisi.
Mais, ce n’était qu’un rêve. Un rêve, si beau qu’il pourrait être vrai.
Parce que, malgré tout, on est en 2016. Parce qu’on s’est battu pour l’égalité des femmes, pour les droits des Autochtones, des Acadiens des quatre provinces de l’Atlantique, des francophones en milieu minoritaire.
Peut-on aussi se faire entendre sérieusement par le gouvernement provincial sur le droit de vote à 16 ans?
Voilà déjà deux ans que la Fédération des Jeunes Francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB) lutte pour abaisser le droit de vote à 16 ans.
Depuis, la FJFNB a multiplié les rencontres
S’est assise à la droite des députés
M. Coon a déposé un projet de loi
Un projet de loi mort et enseveli
Qui est descendu à la case départ
Le troisième mois suivant est ressuscité du feuilleton
En fait, est monté vers le fédéral
D’où il fut jugé qu’il mourrait là aussi une première fois
Pour tenter de ressusciter une seconde fois.
Ce petit bout de texte est aux allures d’une prière parce qu’après tout, la jeunesse prie pour qu’on lui offre non seulement le droit de vote, mais aussi, une éducation citoyenne de qualité. Une éducation qui permettra à notre génération de prendre des décisions encore plus éclairées…qui pourront éclairer celle de nos parents qui votent bleu ou rouge d’une élection à l’autre, soi-disant «pour suivre le même chemin que les autres», comme une voiture à une intersection lorsque les feux passent au vert. Qui votent comme s’il n’y avait qu’une direction à prendre, sans penser que tous les chemins pourraient être bons pour se rendre à destination.
La FJFNB a fait le tour des arguments et a insisté sur certains points à maintes reprises.
Si les gens pensent encore que les jeunes de 16 et 17 ans ne sont pas assez matures pour voter…est-ce qu’on a vraiment besoin de vous répéter qu’avec une éducation citoyenne, les jeunes pourront prendre des décisions éclairées lors des élections?
Si les gens pensent encore que, puisque les jeunes de 18 ans ne votent pas, les jeunes de 16 ans ne le feront pas… est-ce qu’on a vraiment besoin de vous répéter qu’un bon nombre d’adultes n’a pas fait son devoir de bon citoyen canadien depuis des années?
Si les gens pensent encore que les jeunes de 16 ans ne sont pas assez informés en politique…est-ce qu’on a vraiment besoin de vous répéter que la FJFNB demande une révision du curriculum scolaire pour offrir un cours d’éducation citoyenne justement pour que les jeunes soient informés? En passant, avez-vous vraiment lu la dernière plateforme électorale du Parti libéral du Canada? Je connais des jeunes de 16 à 20 ans qui ont en fait une lecture attentive.
Si les gens pensent encore que les jeunes de 16 ans sont trop influençables…c’est-tu même nécessaire que je fasse un parallèle avec les récentes élections américaines? Bien des citoyens américains avec bien de l’expérience de vie semblent s’être laissé mener par le bout du nez et risquent d’éventuellement heurter un mur (surtout près de la frontière Mexique/États-Unis)… Si ça, ce n’est pas se faire influencer, je ne sais pas c’est quoi!
Tout le monde se fait influencer, c’est le jeu du pouvoir politique!
On a qu’à espérer qu’un jour, l’abaissement du droit de vote à 16 ans ne sera plus un rêve…mais bien une réalité.
Vous pouvez montrer votre appui au droit de vote à 16 ans en signant la pétition de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF).
À propos…
Anthony Azard est étudiant en Information-Communication à l’Université de Moncton. Actuellement secrétaire-trésorier à la Fédération des Jeunes Francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB), il est aussi rédacteur-adjoint pour le journal étudiant Le Front de l’Université de Moncton.