L’Ombre de Chacal plane toujours – Sandrine Duval

Couturier, Gracia. L’Ombre de Chacal, Ottawa, Éditions David, coll. «Voix narratives», 2016, 390 p.

L’Ombre de Chacal, la suite de Chacal, mon frère, est récemment paru aux Éditions David. Grâce à ce roman, Gracia Couturier nous replonge dans l’univers tumultueux de deux frères originaires du Madawaska, au Nouveau-Brunswick, où la folie ne semble jamais bien loin. Dans ce tome, la recherche de soi est un thème qui occupe une place particulièrement importante.

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Crédit photo : Éditions David.

On ne retrouve pas Étienne Bellefleur là où on l’a laissé à la fin du premier roman, mais plusieurs mois plus tard. Cependant, malgré le temps écoulé, la situation n’a guère évolué. Bruno est toujours interné dans un asile psychiatrique, Étienne s’isole dans son pavillon du Bois des Songes et il n’arrive toujours pas à écrire quoi que ce soit, malgré ses nombreuses tentatives. Brisant complètement la routine dans laquelle il s’était installé, Étienne décide de partir en voyage outremer. Il commence par se rendre en Corse où il rencontre la belle et sensuelle Laurence ainsi que Jean-Pierre, qui va l’initier à l’équitation et à l’élevage des chevaux. Ensuite, il part en Afrique où se trouve son amour d’enfance, Judith. Ce voyage découle d’un besoin de se remettre de tout ce que Bruno lui a fait subir et également de se retrouver lui-même. Le moment semble opportun à Étienne qui se croit en sécurité maintenant que Bruno est hors d’état de nuire, mais ce dernier a plus d’un tour dans son sac.

L’intrigue du roman, comme dans le premier livre, tourne autour de Bruno et de ses manigances contre Étienne, son frère. Contrairement au premier livre, cette intrigue n’est pas au centre de l’attention. Elle devient secondaire tant au niveau de l’histoire qu’au niveau de la place qu’elle occupe à travers les pages. L’attention se pose davantage sur Étienne. Dans une grande partie du livre, on le suit dans sa quête personnelle. On le voit qui s’éloigne de chez lui pour se retrouver et passer à une nouvelle étape de sa vie, une nouvelle vie sans son frère. Par contre, cette recherche de soi avance très lentement, au point de sembler stagnante. Toute cette attention qui se concentre sur Étienne crée des longueurs, et ce plus particulièrement pour un lecteur qui s’intéresse aux péripéties des deux frères. Cependant, cette dynamique qu’on retrouve dans le livre peut expliquer le titre, L’Ombre de Chacal. Car même si Bruno n’est plus physiquement présent dans la vie de son frère, son ombre y est toujours. À la fois parce que le souvenir de Bruno et de ses actions pèse énormément sur les épaules d’Étienne et qu’il n’arrive pas à se défaire de ce poids et parce que l’asile psychiatrique n’est pas une barrière suffisamment grande pour empêcher Bruno de mener à terme ses plans malintentionnés. Alors, l’ombre de la menace plane toujours.

La narration diffère entre les deux tomes, bien que l’histoire soit racontée sensiblement de la même manière. Dans ce deuxième livre, la narration est presque exclusivement faite par Étienne et non par tous les personnages à tour de rôle. Également, certains personnages parlent brayon et ces dialogues sont impeccables. Les personnages s’expriment exactement comme le font les Brayons, ce qui est une grosse amélioration par rapport au premier roman où les dialogues semblaient forcés et fort peu authentiques.

L’Ombre de Chacal se démarque de son prédécesseur par la résilience qu’on y retrouve. On ne baigne pas uniquement dans un monde de folie et de mal de vivre, mais bien dans un univers où il y a également de l’espoir et des efforts pour une meilleure vie. C’est une belle continuité au premier tome tout en représentant bien les péripéties d’une quête personnelle.

À propos…

duval-sandrineSandrine Duval est originaire d’Edmundston, mais elle ne se considère pas comme une «vraie Brayonne», car elle n’a jamais attrapé l’accent local. Elle est actuellement en deuxième année du baccalauréat à l’Université de Moncton, campus d’Edmundston, et elle très impliquée dans la vie universitaire. Elle désire poursuivre ses études en littérature.

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