Depuis un certain temps, plusieurs groupes de lobbying du Nouveau-Brunswick et du Canada contestent fortement toute augmentation de leur impôt personnel ou de l’impôt de leurs entreprises. Ces groupes semblent oublier que le gouvernement de Shawn Graham et celui de David Alward leur ont permis de bénéficier, pendant plusieurs années, d’une réduction d’impôt. Ces lobbies semblent oublier aussi que le taux d’imposition des sociétés dans la province est le plus bas parmi les provinces de l’Atlantique et que le taux d’imposition des petites entreprises, maintenant de 3,5%, va continuer à diminuer pour atteindre 2,5% pour ainsi devenir un des plus bas au Canada.
Ces groupes souffrent-ils d’amnésie? Le Nouveau-Brunswick a le salaire minimum le moins élevé du Canada, l’équité salariale n’est pas encore reconnue dans le secteur privé et les taux d’indemnisation des accidentés du travail sont parmi les moins élevés du pays. Toutefois, plusieurs programmes du gouvernement provincial existent pour venir en aide aux entreprises, dont le Fonds d’emploi pour les jeunes, le Crédit d’impôt pour les investisseurs dans les petites entreprises et le Bureau interprovincial de l’efficacité, de la réglementation et des services. Le gouvernement fédéral, quant à lui, accorde un crédit d’impôt aux petites entreprises qui leur permet de réduire leur cotisation à l’assurance-emploi pour les nouveaux employés. Voilà seulement quelques exemples de programmes créés pour diminuer les coûts opérationnels des petites et des moyennes entreprises.
Pourtant, les groupes de lobbying des entreprises sont encore insatisfaits. Que veulent-ils de plus que les millions de dollars que leur accorde le gouvernement chaque année par l’intermédiaire d’Opportunités NB, de la Société de développement régional, de la Corporation régionale de développement ou de Gestion provinciale ltée? Que veulent-ils de plus que les faibles redevances dans le secteur forestier et de la potasse? Que veulent-ils de plus que le Fonds de développement économique et d’innovation pour la région de Miramichi et du nord du Nouveau-Brunswick, le Programme de subvention pour l’emploi Canada-NB, la Subvention salariale à l’employeur et le Guichet emplois pour les employeurs? Que peuvent-ils bien vouloir de plus que le budget annuel de centaines de millions de dollars de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique?
Ah oui! Ces groupes veulent maintenant dispenser les services publics à la place du gouvernement. Ils proposent à la province la privatisation, la sous-traitance et les partenariats publics-privés pour tous les services gouvernementaux pertinents. Ils pourraient ensuite acheter Alcool NB, assumer la gestion des cafétérias des hôpitaux et des services de concierge dans les écoles, s’occuper de l’entretien des routes et gérer les autoroutes à péage. Ils pourraient aussi acheter les édifices gouvernementaux, les parcs, les terrains de golf, les pentes de ski et les sites patrimoniaux. Ils pourraient même gérer le registre de données du gouvernement.
Comment expliquer que ces entreprises qui avaient tant besoin d’aide financière de la part du gouvernement, soient tout à coup de repérer suffisamment d’argent pour dispenser tous ces services et acheter les actifs du gouvernement?
Enfin, la dernière plainte des groupes de lobbying des entreprises concerne le déficit provincial. Ces groupes pensent que la province est au bord du gouffre proverbial et qu’il faut des mesures draconiennes pour arriver à un budget équilibré. Or, les mesures draconiennes qu’ils proposent mettent le fardeau sur le dos des citoyens qui devraient selon eux soutenir les finances du gouvernement et s’accommoder de moins de services publics dispensés par le gouvernement. Ces groupes affirment qu’ils sont prêts à mettre l’épaule à la roue en «travaillant ensemble pour assurer que la capacité concurrentielle de nos entreprises soit à la base de notre vision partagée d’un développement économique et communautaire d’un Nouveau-Brunswick prospère»[1]. Il s’agit là de mots audacieux. Toutefois, il ne faut surtout pas leur demander de sortir l’argent de leurs propres poches pour y arriver.
[1] Lettre de la Coalition of NB Employers, Telegraph Journal, 17 décembre 2015. Traduction libre.
À propos…
Jean-Claude Basque est originaire de Tracadie, mais demeure à Moncton depuis 1996. Pendant plus de quarante années, il fût engagé dans des causes sociales et syndicales. Depuis sa retraite, il est le coordonnateur provincial bénévole du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick.