Lettre ouverte à Brian Gallant, premier ministre du Nouveau-Brunswick (partie 2) – Jean-Claude Basque

Lisez la partie 1 de la lettre ici.

Nos défis

La crise financière de 2008-2009 a ralenti de manière importante les économiesaméricaine et canadienne. Pendant des années, notre dollar élevé a eu un effet de ralentissement sur l’économie canadienne. De plus, notre province a perdu une partie importante de sa base manufacturière avec la fermeture de plusieurs usines de pâtes et papiers, de scieries et d’usines de textile, en particulier dans le nord de la province. Avec ces entreprises disparaissaient des centaines d’emplois, ainsi que d’importantes sources de taxes foncières et d’impôts venant des corporations et des travailleurs, surtout dans les régions rurales.  La diminution des revenus de la province est aussi due, il ne faut pas l’oublier, à la décision du gouvernement libéral de Shawn Graham de faire fondre le surplus budgétaire (de 2004 à 2008) en réduisant l’impôt des particuliers et des sociétés.           

On ne peut nier que nos finances publiques présentent un défi important. Selon Perspectives économiques et financières préélectorales de 2014-2015 à 2017-2018  du ministère des Finances, le déficit pour 2014-2015 serait de 391,1 millions de dollars, mais devrait diminuer et atteindre un excédent de 119 millions de dollars en 2017-2018. Bien que nous ne sommes pas la province la plus endettée, notre dette se chiffre tout de même à près de 11 milliards de dollars et représente 36,7 % du PIB.

Selon le rapport de 2013 de la vérificatrice générale du Nouveau-Brunswick, Kim MacPherson, 2,6 milliards de dollars sont dus au gouvernement provincial et coûtent 94 millions de dollars en intérêt annuellement. Mme MacPherson souligne que « [l]es efforts de recouvrement doivent être une priorité afin que toutes les sommes dues au gouvernement soient récupérées ». Si on déployait des efforts pour récupérer la moitié de cette somme, on pourrait réduire de moitié ce qu’on paie en intérêt.

Il est clair que les revenus de la province doivent être augmentés. Une des façons équitables de taxer, c’est par l’impôt sur le revenu des contribuables et des corporations. À ce niveau, plusieurs solutions doivent être entreprises. D’abord, nous devons absolument revenir au taux d’imposition de 2008 pour les particuliers, tout en ajoutant, tel que proposé dans la plateforme électorale libérale, deux niveaux d’imposition pour les citoyens les plus fortunés de la province. Ensuite, nous devons faire augmenter l’impôt des sociétés à 16 %, ce qui serait comparable au taux d’imposition de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard. Nous devons aussi ramener la taxe sur le capital des grandes entreprises et annuler la réduction des taxes foncières des grandes sociétés. Pour les petites et moyennes entreprises, il faut maintenir le taux d’imposition actuel.

Nous ne pouvons pas exiger que les citoyens fassent des sacrifices pour ensuite faire des largesses à l’entreprise privée.

Lorsqu’on parle de déficit et de dette, on nous revient toujours avec la même solution : réduire et sabrer dans les programmes publics.

Les programmes publics, que ce soient les routes, les hôpitaux, les écoles, les universités, les collèges communautaires, les services sociaux, les ambulanciers ou les pompiers, pour ne nommer que ceux-là, sont essentiels au bon fonctionnement de notre économie et de notre société. Ils sont essentiels pour attirer des industries dans la province, mais ils sont encore plus essentiels pour les milliers de travailleurs à faible salaire, les bénéficiaires de l’aide sociale, les aînés et les jeunes.

Ce sont eux qui sont sur la ligne de front. Ce sont eux qui subissent le plus cruellement les réductions et les coupures; ce ne sont pas les riches, les investisseurs, ou les spéculateurs.

Une vision à court terme des services publics engendre à moyen terme et à long terme des coûts sociaux accrus. Ainsi, au Nouveau-Brunswick, le coût de la pauvreté s’élève à au moins deux milliards par année, selon une étude menée, en 2011, par le Centre canadien de politiques alternatives. Ne serait-il pas plus logique d’adopter une stratégie économique d’investissement à court et moyen terme dans le cadre de la lutte pour réduire la pauvreté? Ainsi, nous pourrions diminuer à plus long terme ce fardeau fiscal plutôt que diminuer les services offerts à ces milliers de citoyens.

Dernièrement, certains ont tenté de nous faire peur en évoquant la possibilité que notre province s’enlise, comme la Grèce et d’autres pays, dans une crise économique grave, avec tout le chaos social que cela engendre, si elle ne fait pas le grand virage qu’ils proposent. Nous savons bien que nous vivons dans un climat de mondialisation et que certaines de nos entreprises doivent concurrencer sur la scène internationale. Mais la mondialisation se décline différemment pour chaque pays. Au Canada, notre voisin du sud, les États-Unis, est de très loin notre principal partenaire économique. Nous exportons chez lui la majeure partie de notre production, et la majeure partie de nos importations proviennent aussi de lui. Donc, dans le cas du Canada, lorsqu’on veut parler de mondialisation et de son influence sur notre économie, on doit surtout penser à un pays, les États-Unis, et non au Japon, à la Chine, à l’Inde ou aux pays européens.

La situation est semblable dans le cas du Nouveau-Brunswick. Lorsque l’économie des États-Unis éternue, nous attrapons une sale grippe.  Dans le débat entourant l’impact de la mondialisation sur notre économie, il est donc important de tenir compte du fait que notre économie est principalement tributaire de ce qui se passe dans la cour de notre voisin, et non se laisser distraire par ce qui se passe ailleurs.

À suivre dans la partie 3…

À propos…

jean claude basqueJean-Claude Basque est originaire de Tracadie, mais demeure à Moncton depuis 1996. Pendant plus de quarante années, il fût impliqué dans des causes sociales et syndicales. Depuis sa retraite, il est le coordonnateur provincial bénévole du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick.

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